(Tyendinaga) Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, a émergé d’une rencontre de plusieurs heures avec des représentants de la nation mohawk en faisant état d’un « modeste progrès », samedi, à proximité d’un barrage perturbant le transport ferroviaire dans une bonne partie de l’est du Canada.

Devant les journalistes, le ministre Miller a refusé de préciser la nature de ces avancées, disant qu’il en informerait directement le premier ministre Justin Trudeau.

« Nous avons parlé ouvertement, franchement, péniblement à certains moments et parfois avec humour. Il reste encore beaucoup de travail à faire », a-t-il déclaré.

Selon ses dires, les discussions se sont concentrées sur le projet de gazoduc qui traverserait le territoire ancestral des Wet’suwet’en, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, auquel s’opposent les chefs héréditaires de cette Première Nation.

PHOTO LARS HAGBERG, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral des Services aux Autochtones Marc Miller

Le barrage ferroviaire installé il y a 10 jours, sur le territoire mohawk de Tyendinaga, à l’est de Belleville, en Ontario, se veut une démonstration de solidarité avec ces derniers.

« Les enjeux sous-jacents ne datent pas d’hier, ils sont présents dans cette communauté depuis des siècles », a souligné le ministre Miller, qui avait demandé cette rencontre au nom de la « Chaîne d’alliance argentée », l’une des premières ententes conclues entre les Mohawks et la Couronne anglaise.

Le gouvernement fédéral fait face à des pressions de plus en plus fortes pour déloger les manifestants derrière une série de barrages à travers le pays, notamment au nord de Toronto et dans l’est de Vancouver.

À son arrivée à Tyendinaga, plus tôt dans la journée, M. Miller avait déploré que ces blocus ne contribuent qu’à diviser le pays.

« Tout le Canada en souffre, avait-il lancé. L’économie est ralentie. On est au courant des pénuries d’approvisionnement, mais on ne peut pas avancer sans dialogue. »

Une injonction du tribunal, prononcée la semaine dernière en Ontario, à la demande du Canadien National (CN), ordonne aux manifestants d’abandonner leur moyen de pression, mais la police provinciale ne l’a pas mise en œuvre.

La Police provinciale de l’Ontario (OPP) défend sa gestion de crise, affirmant que des policiers avaient eu des entretiens avec les manifestants tout au long de la semaine, conformément au cadre mis en place pour résoudre les conflits potentiels avec les communautés autochtones.

En même temps, les rassemblements pour appuyer les opposants au projet de Coastal GasLink se multiplient au pays. Samedi, une manifestation s’est déroulée devant l’Assemblée nationale du Québec. Un seul député québécois y participait : Sol Zanetti de Québec solidaire.

« Clairement, le règlement doit être politique. Ce qui cause au fond cet espèce de bras de fer, c’est le régime politique canadien dans lequel on est, qui a été conçu de manière coloniale, qui est toujours en train de déposséder les peuples autochtones de leur souveraineté. Ceux-ci se retrouvent dans un système inégal dans lequel ils sont pris pour défendre leurs terres, leurs droits et leur souveraineté avec les moyens à leur disposition », a-t-il souligné en entrevue à La Presse canadienne.

Personne n’a pu être joint au CN pour commenter la situation.