(Ottawa) Les anciens combattants sont plus nombreux que jamais à attendre de savoir s’ils sont admissibles aux prestations d’invalidité, malgré les promesses répétées du gouvernement et les efforts déployés pour reprendre le dessus sur l’arriéré de dossiers.

De nouvelles données d’Anciens Combattants Canada révèlent que plus de 44 000 demandes d’aide de vétérans étaient en attente à la fin de septembre, une augmentation de 10 % par rapport à six mois plus tôt. Ce nombre comprend à la fois les demandes remplies et celles jugées « incomplètes » — celles qui nécessitent plus d’informations ou qui doivent être examinées par les fonctionnaires. Au final, le nombre de demandes remplies qui sont en attente depuis des mois s’élève à plus de 23 000, soit une augmentation de 6300 — ou 37 % — par rapport à mars 2019.

Les défenseurs des anciens combattants soutiennent que ces longs délais ajoutent du stress et de la frustration pour ces vétérans qui souffrent déjà de blessures physiques et psychologiques. Lors de la dernière campagne électorale, de nombreux partis fédéraux avaient promis aux vétérans de faire mieux.

Les anciens combattants et leurs défenseurs ont déjà blâmé le gouvernement de Stephen Harper pour la situation actuelle : les conservateurs avaient supprimé des centaines d’employés de première ligne il y a environ huit ans dans leur volonté d’équilibrer le budget fédéral. Le gouvernement libéral a depuis embauché des centaines d’employés de première ligne ; dans le budget fédéral de 2018, il a injecté une somme non récurrente de 20 millions sur deux ans pour combler l’arriéré. Une autre enveloppe de 22 millions a été ajoutée afin d’embaucher plus de travailleurs sociaux pour les anciens combattants ayant le plus besoin d’aide.

Mais ces investissements n’ont pas suivi la croissance de la demande au cours des quatre dernières années.

Des fonds supplémentaires ?

Le ministre des Anciens Combattants, Lawrence MacAulay, admet que les vétérans méritent de recevoir leurs prestations en temps opportun et que l’arriéré n’est pas acceptable. Mais en entrevue avec La Presse canadienne, il n’a pas voulu confirmer que des fonds supplémentaires seraient versés, même si les fonctionnaires soutiennent que leur plan pour éliminer l’arriéré dépend notamment de l’embauche de personnel.

« Ce que nous devons faire, c’est gérer l’argent que nous avons et nous assurer de mettre le système en place aussi efficacement que possible, a-t-il dit. Je ne pourrais certainement pas indiquer ce que nous avons demandé — ou ce que nous allons obtenir — dans le budget. »

Les efforts de rationalisation comprennent la création de nouvelles équipes pour traiter les demandes en une seule fois plutôt que de les passer d’un service à l’autre, l’automatisation de certaines fonctions de prise de décision et la réduction des formalités administratives.

Le gouvernement libéral a longtemps attribué cet arriéré croissant à l’augmentation massive du nombre de demandes de prestations, et le ministre MacAulay a d’ailleurs rappelé en entrevue qu’Anciens Combattants traitait plus de demandes que par les années passées. « Mais nous devons faire plus, et c’est ce que nous faisons », a-t-il dit.

Dans son rapport annuel, déposé à la Chambre des communes la semaine dernière, l’ombudsman des vétérans, Craig Dalton, écrit que les plaintes les plus fréquentes qu’il reçoit concernent les temps d’attente et l’arriéré associé au règlement des demandes individuelles. « Cela doit absolument changer », écrit-il.

« Les vétérans attendent beaucoup trop longtemps avant de recevoir l’indemnisation financière qui leur est due et, ce qui est peut-être le plus important, les soins médicaux dont ils ont besoin. J’exhorte à nouveau le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour régler ce problème important et croissant. »