(Ottawa) Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a déclaré que le Canada souhaitait reprendre ses activités d’entraînement militaire en Irak, mais respecterait toute décision de Bagdad d’expulser des troupes étrangères. Du côté des États-Unis, des informations laissent croire que Washington envisage des sanctions et des coupes dans l’aide militaire si Bagdad veut expulser les forces américaines.

Le ministre canadien a reconnu que « de toute évidence le gouvernement irakien a des préoccupations ». Les alliés occidentaux « écoutent ces préoccupations » et tentent d’y répondre par l’entremise de pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Sajjan a tenu ces propos après une visite au Koweït et en Jordanie, où il a rencontré des centaines de soldats canadiens qui ont participé à l’intervention du Canada contre le groupe armé État islamique (EI) au cours des dernières années.

L’intervention du Canada en Irak s’articule autour de deux principaux éléments. L’un implique environ 200 soldats qui ont entraîné des forces locales sous l’égide de l’OTAN pour combattre l'EI. Un nombre similaire de membres des forces spéciales ont travaillé séparément avec des unités antiterroristes irakiennes dans le cadre de la coalition contre l'EI dirigée par les États-Unis.

Ces deux éléments ont vu leurs opérations suspendues la semaine dernière, avec l’ordre de replier les troupes sur des bases militaires ou, dans certains cas, de déménager au Koweït, craignant que l’Iran ou ses mandataires ne ripostent à l’assassinat par les États-Unis du plus important général iranien, Qassem Soleimani.

L’Iran a effectivement tiré des missiles balistiques sur les bases américaines et de la coalition en Irak, dont une à Irbil que les troupes des forces spéciales canadiennes utilisent depuis des années. Aucune blessure grave n’a été signalée.

Bien que certains soldats canadiens aient repris le travail depuis ce temps, d’autres restent en retrait. L’ombre qui surplombe tout cela est la question de savoir si le gouvernement irakien expulsera toutes les troupes étrangères.

Dans la foulée du meurtre par les États-Unis d’un des principaux généraux iraniens à l’aéroport de Bagdad, le Parlement du pays a adopté plus tôt ce mois-ci une motion non contraignante appelant à l’expulsion de l’ensemble des soldats étrangers sur son territoire.

Alors que de nombreux parlementaires sunnites et kurdes ont boycotté le vote, le premier ministre irakien sortant Adil Abdul-Mahdi a exprimé son propre soutien à la résolution.

M. Abdul-Mahdi — qui a annoncé sa démission à la suite de manifestations imposantes en décembre, mais qui conserve un rôle intérimaire — a depuis annoncé qu’il laisserait le soin au prochain gouvernement de décider de permettre ou non aux troupes étrangères de rester.

Les États-Unis ont repoussé les appels au retrait des troupes américaines et alliées du pays, le « Wall Street Journal » signalant que l’administration du président Donald Trump envisageait des sanctions et des coupes aux millions de dollars d’aide militaire si l’Irak expulsait ses soldats.

Tandis que les discussions avec les Irakiens se poursuivent, a déclaré M. Sajjan, « soyez assurés que l’une des choses dont nous avons discuté est que nous devons continuer cette mission parce que… même s’ils ne contrôlent pas le territoire, ils (les extrémistes de l'EI) présentent un danger dans la région ».

Le ministre a affirmé que bien que les discussions entre les alliés occidentaux et le gouvernement irakien soient toujours en cours, le Canada et ses alliés se trouvent sur le territoire à la demande de Bagdad, et le Canada honorera toute décision éventuelle sur le départ des troupes.