(Montréal) Les mystérieux symptômes qui ont frappé ces dernières années des diplomates américains et canadiens en poste à La Havane ont peut-être été causés par des agents neurotoxiques utilisés dans des pesticides, selon une nouvelle étude obtenue par Radio-Canada.

Entre fin 2016 et 2018, une cinquantaine de diplomates américains et canadiens, ainsi que des membres de leurs familles, ont souffert de maux divers se manifestant notamment par de fortes migraines, des acouphènes, des troubles visuels et cognitifs ou des problèmes d’équilibre et de vertiges.

Ottawa et Washington n’ont jamais établi publiquement la nature du phénomène désigné comme « le syndrome de La Havane », ni confirmé qu’il pourrait s’agir d’énigmatiques « attaques acoustiques » ou de micro-ondes, comme la presse américaine s’en est fait l’écho, sans toutefois apporter aucune preuve. Cuba rejette toute responsabilité.

À la demande du ministère canadien des Affaires étrangères, une équipe du Centre de traitement des lésions cérébrales de l’université Dalhousie a réalisé une étude clinique sur les 15 victimes canadiennes, présentée comme « la plus poussée » à ce jour par l’émission Enquête de Radio-Canada.

Dans son étude, l’équipe multidisciplinaire composée de 26 chercheurs et dirigée par le neurologue Alon Friedman avance « l’hypothèse d’une exposition à faible dose à des neurotoxines ».

Les résultats des examens, selon l’étude, « suggèrent fortement » une intoxication à des organophosphates, des molécules utilisées dans la fumigation des moustiques.

Selon Radio-Canada, M. Friedman a établi un « lien direct » entre l’apparition des premiers symptômes, en 2016 et 2017, et le lancement à cette époque par le gouvernement cubain d’« une vaste campagne de fumigation contre le virus Zika sur toute l’île, et en particulier à La Havane ». Des ambassades ont aussi mené leurs propres opérations de fumigation.

« Ces deux sources combinées ont certainement exposé les diplomates de manière excessive », conclut le Dr Friedman.

Les diplomates testés présentaient notamment des traces de ces contaminants dans leur sang, parfois plusieurs mois après leur exposition.

Cette étude, dont les hypothèses devront être vérifiées, met à mal d’hypothétiques « attaques acoustiques », a souligné Radio-Canada.

« Aucune cause définitive des incidents de santé n’a encore été déterminée », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères en assurant suivre toutes les pistes, « ce qui inclut les recherches à l’université Dalhousie ».

Le dernier cas de Canadien affecté remonte à décembre 2018 et la police canadienne poursuit son enquête en collaboration avec les autorités cubaines.