(Edmonton) Les dirigeants canadiens de l’Ouest se sont entendus, jeudi, pour réduire les barrières commerciales et créer des corridors commerciaux, mais ils ont évité de se livrer à une bagarre ouverte sur le controversé oléoduc Trans Mountain.

Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, et son homologue de la Colombie-Britannique, John Horgan, ont accepté leur désaccord sur l’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, qui acheminerait le pétrole de l’Alberta sur la côte ouest.

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Le premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan serre la main de son homologue de l'Alberta, Jason Kenney

M. Horgan a même plaisanté en faisant remarquer qu’il était le seul néo-démocrate à la table avec Jason Kenney, Scott Moe, de la Saskatchewan, et Brian Pallister, du Manitoba, tous des chefs de gouvernements conservateurs.

« Je portais un costume bleu pour pouvoir me mélanger », a-t-il blagué lors de la conférence de presse de clôture de la rencontre qui se déroulait à Edmonton.

« Je pense que le premier ministre Kenney et moi partons du bon pied », a-t-il ajouté.

Pourtant, il y a des frictions entre les dirigeants concernant l’opposition de la Colombie-Britannique à l’élargissement de l’oléoduc.

Le premier ministre Kenney a réaffirmé que l’Alberta était disposée à utiliser la loi provinciale pour limiter les exportations de pétrole et de gaz dans toute province qui, selon lui, ferait obstacle aux oléoducs.

« J’espère que cela n’arrivera pas et que je crois que nous avons commencé une relation productive, professionnelle et respectueuse », a-t-il soutenu.

De son côté, M. Horgan a assuré que son gouvernement irait de l’avant avec la contestation judiciaire de cette loi, ainsi qu’avec le renvoi à la Cour suprême du Canada, sur la question de savoir si le gouvernement fédéral a la compétence constitutionnelle d’approuver l’élargissement de l’oléoduc.

Le premier ministre Horgan a souligné que sa province avait respecté la règle de droit et continuera de le faire.

« Nous continuerons de délivrer les permis demandés par les promoteurs, et nous continuerons d’affirmer notre compétence et de tenir le gouvernement fédéral responsable de ses actes », a indiqué M. Horgan.

Mais il n’y a pas eu de coup d’éclat à la conférence de presse de clôture comme l’an dernier, lorsque l’ex-première ministre de l’Alberta Rachel Notley avait décidé de ne pas signer un document de la rencontre.

Les premiers ministres ont plutôt réussi à s’entendre sur des questions telles que les corridors commerciaux et la reconnaissance des compétences professionnelles d’une province à l’autre.

Loi québécoise sur la laïcité

Les efforts du premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, visant à former un front commun contre la Loi sur la laïcité du Québec n’ont pas porté fruit : ce sujet n’a pas été discuté formellement entre les dirigeants des provinces.

M. Pallister a dit qu’il n’abandonnera pas le combat.

« Le Manitoba reste très préoccupé face à tout ce qui nuit à notre capacité comme pays de célébrer la diversité, qui est une réalité ici », a-t-il soutenu.

« Je suis un garçon de ferme et je n’aime pas l’érosion. Et je suis toujours préoccupé par l’érosion des droits dans notre pays. Je continuerai donc à avoir ce point de vue et je continuerai à l’exprimer. »

Interrogé à savoir pourquoi l’initiative de M. Pallister n’avait pas abouti, Jason Kenney a rappelé qu’il avait déjà dénoncé la loi à l’assemblée législative de sa province.

« Ce n’était pas sur l’agenda. On a développé l’agenda de la réunion pendant plusieurs mois. L’action était sur les questions économiques », a-t-il expliqué en français.