(Ottawa) La nouvelle flotte de 15 navires de guerre canadiens coûtera près de 70 milliards au cours du prochain quart de siècle, selon une nouvelle estimation du Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) et les coûts pourraient encore varier en fonction de la conception finale des navires et de leur date de construction.

L’estimation publiée vendredi dans un rapport du bureau du DPB se situe bien au-dessus de celle du gouvernement fédéral en 2017, selon laquelle le coût du projet se situerait entre 56 et 60 milliards. L’estimation de 2017 était elle-même une révision du prix initial du projet, estimé à 26 milliards.

En 2017, le DPB avait estimé le coût total des navires à 61,8 milliards, mais son rapport publié vendredi met à jour cette information pour tenir compte du modèle des navires — des frégates connues sous le nom de « Type 26 » — qui n’était pas connu à l’époque. Cela explique également les retards dans le projet.

Selon le DPB, le gouvernement canadien versera maintenant 69,8 milliards sur 26 ans.

Dans un communiqué diffusé peu de temps après la publication du rapport, le ministère de la Défense nationale dit demeurer « confiant » face aux estimations de 2017.

« Après un premier examen du rapport du DPB, nous avons constaté que la grande majorité des différences proviennent de sa décision d’inclure les taxes dans son calcul des coûts », a-t-il soutenu.

« Si l’on retire la somme des taxes du calcul des coûts du DPB, nos estimations sont à 10 % l’un de l’autre. »

Le ministère a toutefois reconnu que toute différence modeste dans les coûts représentait plusieurs centaines de millions de dollars pour les contribuables.

Impacts des retards et du modèle choisi

La révision à la hausse des coûts est en grande partie attribuable au report du début des travaux et à la grosseur du modèle de navires choisi, selon le DPB.

Le rapport suppose que les navires commenceront à être construits d’ici 2023-2024, soit trois ans plus tard que prévu que dans ses estimations de 2017. À mesure que le calendrier se prolonge, les coûts augmentent en raison de l’inflation.

Le DPB avait initialement prévu un poids de 5400 tonnes pour chaque navire, mais le modèle de type 26 est plus lourd (6790 tonnes par navire), ce qui représente une augmentation de plus de 25 %.

Le rapport comprend également une analyse sur les effets que pourraient avoir d’autres retards importants.

Pour un retard d’un an, un coût supplémentaire de 2,2 milliards s’ajouterait et un retard de deux ans coûterait 4,5 milliards de plus au gouvernement.

Scepticisme au ministère

En entrevue, vendredi, le plus haut fonctionnaire responsable de l’approvisionnement au ministère de la Défense nationale s’est dit sceptique face à l’analyse du DPB selon laquelle les coûts gonfleraient considérablement en raison du poids plus élevé des navires. Il a toutefois reconnu qu’il « surveillerait de plus près » les retards.

Pat Finn prévoit commencer la construction plus tôt que le suppose le DPB dans son rapport.

« Nous dirions qu’entre le milieu de 2022 et le milieu de 2023, nous serions en sous-traitance et couperions l’acier », a-t-il indiqué.