L’Union des municipalités du Québec (UMQ) presse Ottawa de conclure rapidement une entente avec le Québec sur le logement dont les fonds ont été annoncés il y a un an et demi. Le regroupement demande aussi au gouvernement fédéral de se dépêcher à renouveler un programme visant à offrir des logements décents et à subventionner des loyers afin de lutter contre la pauvreté et l’itinérance.

Le président du Caucus des grandes villes de l’UMQ, le maire de Gatineau Maxime Pedneaud-Jobin, qualifie carrément la situation actuelle d’« urgence » dans une lettre envoyée en début de semaine au ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean Yves-Duclos, et dont La Presse canadienne a obtenu copie.

M. Pedneaud-Jobin réclame une entente avant le déclenchement de la campagne électorale fédérale. Il dit mal s’expliquer qu’à peu près toutes les provinces canadiennes y soient parvenues, mais que Québec et Ottawa n’arrivent toujours pas à en signer une.

Aussitôt la nouvelle Stratégie nationale sur le logement annoncée, en novembre 2017, Québec avait salué le réinvestissement d’Ottawa dans le logement abordable, tout en réclamant le respect de son champ de compétence, soulignant au passage qu’il refuse se laisser « imposer des conditions par le gouvernement fédéral ».

Selon M. Pedneaud-Jobin, les fonds fédéraux devraient servir à financer les programmes provinciaux existants, par exemple AccèsLogis.

« Dans le domaine du logement, les programmes provinciaux existants nous conviennent, fonctionnent bien et font consensus chez les organismes communautaires, alors on n’a pas besoin que le fédéral ajoute des critères ou complexifie la situation », a-t-il expliqué lors d’une entrevue avec La Presse canadienne.

Il estime que la capacité d’agir des municipalités est en jeu puisque les programmes de logements prennent du temps à être réalisés, notamment pour la construction des logements. « On a besoin de cet argent-là le plus rapidement possible », a-t-il lancé visiblement exaspéré.

« À chaque mois qui passe, on perd du temps qui est précieux pour les gens, a-t-il soutenu. On parle de logements abordables. Ce n’est pas quelque chose de superficiel. On est dans l’essentiel. On ne peut pas lutter contre la pauvreté si on n’investit pas dans le logement abordable. »

Crise du logement

L’UMQ s’inquiète aussi que le gouvernement fédéral tarde à annoncer la nouvelle version de l’Initiative fédérale de logement communautaire, un programme qui finance des logements partout au Canada pour que les propriétaires demandent des loyers à des prix abordables.

Le programme actuel, dont bénéficient près de 7000 ménages québécois, vient à échéance dans moins d’un an, ce qui place des milliers de locataires dans l’incertitude quant à leur capacité de payer dans l’avenir.

La crise du logement est bien réelle dans plusieurs villes, a expliqué M. Pedneaud-Jobin. Une interruption de cette aide au logement serait « une catastrophe » pour les locataires les plus vulnérables qui risquent de se retrouver à la rue si cette aide est interrompue.

Des milliers de personnes risquent de voir le prix de leur loyer augmenter et ne plus pouvoir le payer. Ces derniers se retrouveraient à « chercher des logements plus abordables qui dans certaines villes sont inexistants », a-t-il résumé.

La réflexion du gouvernement fédéral doit donc se faire « le plus rapidement possible » pour que tous sachent à quoi s’en tenir, selon lui. « Ça presse » que l’éventuel nouveau programme soit connu.

M. Pedneaud-Jobin craint d’ailleurs qu’un changement de gouvernement à Ottawa à la suite des élections de l’automne prochain ne ralentisse d’autant plus la prise de décision.