(Ottawa) Créer 54 000 nouveaux emplois d’ici 2025, générer 25 milliards de dollars de plus en activité économique au pays dans le même horizon et attirer davantage de visiteurs ailleurs que dans les grands centres urbains : voilà les objectifs ambitieux que se fixe la ministre du Tourisme, de la Francophonie et des Langues officielles Mélanie Joly.

Pour les atteindre, la ministre estime qu’il faut plus que jamais qu’Ottawa, les provinces et le secteur privé mettent la main à la pâte pour travailler de concert à mettre en valeur des trésors cachés du pays et créer, dans les régions où c’est possible, des mégadestinations qui permettront d’attirer des touristes pendant l’hiver et les saisons intermédiaires, a-t-elle indiqué à La Presse.

Mme Joly profitera de son discours devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) aujourd’hui pour détailler les grandes lignes de sa stratégie visant à permettre au Canada d’aller chercher une plus grande part du secteur du tourisme international, qui est en forte croissance. Cette stratégie, la première du genre à être adoptée par le gouvernement fédéral, est le fruit d’une longue réflexion menée par la ministre et les principaux acteurs de cette industrie qui représente 2 % du produit intérieur brut annuel et génère 1,8 million d’emplois au pays.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’un des trois piliers du plan que détaillera Mélanie Joly aujourd’hui vise à maximiser les investissements qui permettront à l’industrie du tourisme de mieux tirer son épingle du jeu.

« Bien que notre gouvernement ait fait beaucoup au cours des dernières années pour soutenir le secteur du tourisme, le Canada n’atteint toujours pas son plein potentiel. Cela est dû en partie au fait que lorsque les gens visitent le Canada, ils ont tendance à venir de juin à septembre et à rester dans nos trois plus grandes villes, Montréal, Toronto et Vancouver. Même ceux qui sont à la recherche d’une aventure en plein air ne se rendent généralement qu’à quelques-unes de nos destinations incroyables. Cela doit changer », affirme la ministre Joly.

Faire encore mieux

Si l’année 2018 a permis d’établir un nouveau record au Canada avec plus de 21 millions d’arrivées, Mme Joly croit qu’il est possible de faire encore mieux. D’où la décision du gouvernement Trudeau de créer une table sectorielle de stratégies économiques consacrée uniquement au tourisme et d’y investir 60 millions de dollars de plus au cours des deux prochaines années pour soutenir diverses initiatives.

L’un des trois piliers du plan que détaillera la ministre aujourd’hui vise à maximiser les investissements qui permettront à l’industrie du tourisme de mieux tirer son épingle du jeu.

Ainsi, la ministre va annoncer que les diverses agences de développement régional et Destination Canada, organisme responsable de faire la promotion du pays auprès des touristes étrangers, dirigeront ensemble les groupes d’investissement du tourisme. Ces groupes d’investissement pourront ainsi être adaptés aux besoins particuliers de chaque région du pays. Parcs Canada, qui est un important propriétaire d’actifs touristiques avec 47 parcs nationaux, 171 lieux historiques, quatre aires marines nationales de conservation et un parc urbain, sera aussi mis dans le coup, tout comme le ministère du Patrimoine et la Banque de développement du Canada.

Selon la ministre, les provinces et les territoires seront aussi invités à participer à cette démarche afin de bien cibler les projets prometteurs et les investissements nécessaires pour les réaliser. À terme, cela pourrait mener à la création de grands projets touristiques, voire à des mégadestinations d’une ampleur rarement vue au Canada.

Proposer des projets

En entrevue, la ministre a tenu à souligner que les régions doivent aussi proposer des projets qui pourraient contribuer à donner un nouvel élan au tourisme. Elle donne l’exemple des aéroports régionaux, qui pourraient avoir besoin d’un coup de pouce financier pour allonger leur piste d’atterrissage afin de permettre à des avions transportant plus de passagers d’y atterrir.

Parmi les autres aspects de sa stratégie, la ministre veut mettre davantage en valeur le tourisme autochtone, très prisé par les visiteurs étrangers. Selon l’Association touristique autochtone du Canada, plus d’un visiteur sur trois s’intéresse aux expériences autochtones, dont 35 % des Chinois et 63 % des voyageurs français.

Elle souligne d’ailleurs que déjà, le tourisme est en train de devenir un important contributeur économique et créateur d’emplois pour les communautés autochtones à travers le pays.