(Ottawa) Le vice-amiral Mark Norman souhaite réintégrer l’armée alors que l’accusation d’abus de confiance qui pesait contre lui a été suspendue, mais cela pose tout un défi pour les dirigeants militaires, qui se demandent où il pourrait aller.

Les conservateurs demandent que le vice-amiral reprenne son poste de commandant en second de l’armée canadienne, qu’il occupait depuis août 2016, avant d’être suspendu et remplacé en raison des procédures judiciaires.

Lors d’une conférence de presse, jeudi, le porte-parole conservateur en matière d’affaires étrangères, Erin O’Toole, a accusé les libéraux de s’être ingéré dans le dossier de M. Norman et a appelé à sa réintégration « dans un poste duquel il n’aurait jamais dû être démis ».

Mais ces fonctions sont maintenant occupées par le lieutenant-général Paul Wynnyk, qui a été nommé officiellement en juillet. Bien que les conservateurs réclament que M. Norman atterrisse dans un poste aussi important qu’avant, il n’y a tout simplement pas de place vacante en ce moment.

Le chef d’état-major de la défense se trouve au sommet de la hiérarchie des Forces canadiennes, le vice-chef en est le deuxième et aucun des deux postes n’a d’égal.

Avant d’obtenir sa dernière promotion, M. Norman dirigeait la Marine royale canadienne. Alors pour lui, même diriger toute une branche de l’armée serait une rétrogradation.

C’est le chef d’état-major Jonathan Vance qui aura le dernier mot, et non le gouvernement. Le général Vance doit d’ailleurs rencontrer M. Norman dans les prochains jours pour discuter des prochaines étapes.

Un véritable casse-tête

Plusieurs militaires à la retraite ont dit à La Presse canadienne que le général Vance serait confronté à un véritable défi lorsqu’il s’agira de transférer M. Norman ou M. Wynnyk à un nouveau poste.

« La situation est sans précédent, a soutenu le colonel à la retraite Brett Boudreau. Certainement, le défi pour (M. Vance) et le vice-amiral Norman est d’arriver à un arrangement qui conviendra à tout le monde. Pour les deux personnes impliquées et l’institution. »

Mark Norman n’a pas déclaré explicitement qu’il voulait reprendre ses responsabilités de commandant en second de l’armée. Lorsque l’accusation contre lui a été suspendue, il a dit lui-même que l’armée « était plus grande qu’une seule personne ».

Pour sa part, le général Vance a affirmé dans un communiqué qu’il voulait réintégrer M. Norman « dès que possible ».

Il y a des solutions, selon Michel Drapeau, un colonel à la retraite maintenant spécialiste du droit militaire. Par exemple, le vice-amiral pourrait devenir conseiller au chef d’état-major, ou attaché militaire dans un autre pays.

Mais ces décisions « seraient perçues, dans le grand public et parmi les membres des Forces, comme une rétrogradation », a-t-il prévenu.

Une autre option serait que le gouvernement lui trouve un poste important, hors de l’armée, comme celui d’ambassadeur, a-t-il ajouté.