Comme en 2017, les Forces armées canadiennes ont été appelées par Québec pour appuyer la lutte contre les inondations qui pourraient atteindre un niveau critique cette fin de semaine dans les secteurs bordant les rivières des Outaouais et Gatineau, les principaux cours d'eau du Grand-Montréal et le lac Saint-Pierre, notamment.

La ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault l'a confirmé en point de presse vendredi après-midi, quelques minutes après que son homologue fédéral Ralph Goodale eut confirmé sur Twitter qu'Ottawa acceptait de prêter main-forte à Québec. 

La ministre n'a pas précisé quand ces renforts seraient opérationnels, et a ajouté que le gouvernement permettra «exceptionnellement aux commerces d'être ouverts le dimanche de Pâques pour fournir des services aux citoyens qui auront des besoins». 

Pendant ce temps les citoyens redoublent d'ardeur pour protéger leurs propriétés contre ce nouvel assaut des eaux. 

À l'Île Mercier, à Saint-André d'Argenteuil et dans plusieurs municipalités bordant la rivière des Outaouais, les citoyens se mobilisent et l'aide se coordonne dans la bonne humeur.

À Rigaud et Pointe-Fortune, on confirme que la situation évolue à la vitesse anticipée. Les niveaux d’eau ayant causé des ravages dans la région pourraient être atteints lundi, mentionne un communiqué de presse conjoint de ces deux villes en bordure de l’Ontario. « On veut que les gens prennent ça au sérieux. Ça peut évoluer très vite », précise Marc Olivier Labelle, maire de Saint-André-d’Argenteuil.

Dans chacune des trois municipalités visitées, le message des élus demeure le même : évacuer dès que possible, en sécurisant les biens.

Certaines demeures prennent des airs de châteaux forts tellement leurs propriétaires érigent murets et balustrades autour des murs extérieurs. Mais ces systèmes de protection ne doivent pas se bâtir en négligeant la sécurité des individus. « On ne veut pas que les gens se sentent faussement en sécurité parce qu’ils ont mis des sacs de sable », a précisé le maire de Saint-André-d’Argenteuil. Sur place, il s’affaire à coordonner les équipes de bénévoles et d’employés municipaux pour que des sacs de sable soient remplis et livrés aux riverains.  

Des traces de 2017 

L'année 2017 a définitivement créé un précédent, mais aussi laissé des traces. « Les gens sont plus à fleur de peau, ils se disent : pas encore ! », explique M. Labelle.

Pour les municipalités, il s’agit d’un nouveau revers en peu de temps. Sous le dôme municipal, servant habituellement d’entrepôt de sel, les équipes bénévoles sont habilement coordonnées. Entre les barreaux d’une échelle posée à l’horizontale, des cônes orange renversés servent d’entonnoir pour remplir les sacs de sable. La Ville a commandé 800 000 tonnes de sables, alors que 100 000 poches individuelles étaient déjà disponibles jeudi. Enfants et adultes mettent la main à la pâte, sous le regard du maire, heureux de cette solidarité efficace, mais réitérant l’importance de ces opérations préventives devant des crues imminentes.  

Les citoyens rencontrés semblent savoir quoi faire. Ils colmatent les ouvertures les plus proches du sol, installent du polythène, des poches de sables. À Saint-André d’Argenteuil, un couple s’affaire à vider leur sous-sol et leurs armoires de cuisine à ras le sol. « On espère qu’on fait ça pour rien », mentionne Gilles Bourdua. Sa maison se trouve déjà partiellement isolée, le chemin y menant étant déjà recouvert d’eau. Bientôt le petit pont empêchera la circulation pour les gens vivant sur cette presqu’île. « Ça a monté de 10 pouces dernièrement, il manque trois pieds pour atteindre les niveaux de 2017 », mentionne-t-il en regardant sa cour arrière où une statue de la vierge Marie faisait déjà trempette. Son patio maintenant vissé à la maison, il ne craint pas que celui-ci ne parte à la dérive, comme c’était le cas, il y a 2 ans.  

À l’Île Mercier, des bénévoles se divisent le secteur. Le sable en vrac rend la tâche plus difficile pour les personnes âgées. Serge Nadon attend l’arrivée de ses filles avant de commencer quoi que ce soit. « Jamais je ne quitterai », mentionne-t-il. Il restera sur place, en s’équipant mieux que la dernière fois, pour le moment l’homme âgé attend que ces filles viennent l’aider. « Si j’avais eu deux étages de plus de mur, je serais resté au sec », mentionne-t-il.