Le vieillissement de la flotte de la Garde côtière canadienne a de véritables répercussions sociales, commerciales et sécuritaires dans tout le pays, indiquent des documents obtenus par La Presse canadienne.

Parmi ces impacts : la réduction de la couverture de recherche et sauvetage, des interruptions du service de traversier, des annulations de réapprovisionnement pour les communautés arctiques et côtières. Sans oublier la perte de près de 2 millions en bouées de navigation.

L'amélioration de la situation n'est pas en vue. Les documents préviennent que plus du tiers des 26 grands navires de la Garde côtière ont dépassé leur durée de vie prévue. Plusieurs ne pourront pas demeurer opérationnels jusqu'à l'arrivée de leurs remplaçants.

Selon une présentation PowerPoint classée « secrète » et préparée l'été dernier par des responsables de la Garde côtière, les navires courent « un risque croissant d'échec irrécupérable ».

Obtenus grâce à la loi sur l'accès à l'information, les documents soulignent les enjeux auxquels font face le gouvernement fédéral et diverses communautés si le Canada ne dispose pas d'une flotte de garde-côtes efficace.

La question du remplacement des navires existants de la Garde côtière soulève bien des questions. À l'heure actuelle, seulement cinq nouveaux navires ont été inclus dans le plan national de construction navale du gouvernement fédéral évalué à plusieurs milliards de dollars.

La présentation PowerPoint est particulièrement franche dans son évaluation de ce qu'elle décrit comme les « premiers impacts d'une flotte plus ancienne couplés à une demande croissante ».

« Au cours des quatre dernières années, l'allongement des périodes de réparation et les pannes imprévues ont temporairement réduit la couverture dans les quatre zones de recherche et de sauvetage en haute mer du Canada atlantique », constatent les auteurs du document.

La Garde côtière a également perdu près de 2 millions de bouées de navigation ces dernières années « parce qu'elles n'ont pas pu être retirées en raison de la disponibilité des navires et de l'état des glaces », peut-on aussi lire dans la présentation.

Les services de traversier ont été interrompus, en particulier les opérations de Marine Atlantique desservant Terre-Neuve. Des navires de commerce ont dû attendre plusieurs jours l'arrivée des brise-glace, « à un coût considérable pour l'industrie ».

Rob Huebert, un expert de l'Arctique à l'Université de Calgary, déplore que la Garde côtière ait été longtemps négligée et ignorée par le gouvernement fédéral, ce qui explique en grande partie la vétusté de la flotte.

La présentation souligne les conséquences d'une telle négligence sur la sécurité, les services de recherche et de sauvetage, les bouées de navigation et les communautés du Nord.

Interrogé sur les documents cette semaine, le ministre des Pêches, Jonathan Wilkinson, a affirmé que la flotte « restait fiable » et que le gouvernement fédéral « prenait au sérieux le renouvellement de la flotte de la Garde côtière ».

Ottawa a récemment acheté trois navires d'occasion pour réduire la pression sur sa flotte existante, a-t-il noté. Il aussi mentionné la construction d'un brise-glace et de quatre navires scientifiques pour la Garde côtière.

« Nous continuerons à rechercher des solutions afin que les Canadiens puissent continuer à recevoir les services dont ils ont besoin », a ajouté M. Wilkinson.