Les conséquences de la décision de l'Arabie saoudite de punir les entreprises canadiennes se sont fait sentir moins d'un mois après le conflit diplomatique qui a éclaté l'été dernier, entraînant le rejet de visas, l'interdiction par le gouvernement de produits alimentaires provenant du Canada et le blocage de livraisons dans les ports du royaume.

Un document fédéral récemment dévoilé examine de près les représailles de l'Arabie saoudite contre le Canada, à la suite des critiques de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, sur Twitter, concernant l'arrestation par le régime de militantes des droits des femmes.

Irritée par la condamnation publique, l'Arabie saoudite a suspendu ses relations diplomatiques avec le Canada en août dernier, expulsé l'ambassadeur du Canada et rappelé son propre envoyé d'Ottawa.

Le royaume a également suspendu ses futurs accords de commerce et d'investissement, annulé ses importations de céréales et annoncé qu'il mettrait fin aux bourses lucratives octroyées à ses citoyens pour les aider à étudier au Canada. La banque centrale saoudienne et les régimes de retraite publics ont commencé à vendre leurs avoirs canadiens.

Une note d'information à l'intention du ministre du Commerce international, Jim Carr, décrit plus en détail la manière dont les événements se sont déroulés sur le terrain environ un mois après le début du différend.

« Il est important de noter qu'au cours des derniers jours, Affaires mondiales Canada a été informé des mesures concrètes prises par l'Arabie saoudite contre des entreprises canadiennes de divers secteurs », lit-on dans la note dévoilée cette semaine à La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Le document a ensuite énuméré de nombreuses mesures, notamment :

• Demandes de remplacement de contrats existants par de nouveaux contrats avec des fournisseurs non canadiens ;

• Refus d'accès aux bases militaires ;

• Retards de paiement ;

• Réacheminement de vols pour l'approvisionnement en biens ;

• Obstruction envers une entreprise canadienne pour l'importation et la vente de médicaments ;

• Ordonnance par des ministères gouvernementaux d'interdire les aliments et les médicaments en provenance du Canada ;

• Blocage de divers envois en provenance du Canada dans des ports saoudiens.

La note a été réalisée en septembre dernier pour M. Carr en vue de sa rencontre avec les membres du Conseil de commerce canado-arabe.

Les détails supplémentaires du différend avec l'Arabie saoudite apparaissent au moment où le Canada tente de gérer d'autres défis plus imposants liés au commerce avec ses deux plus grands partenaires, les États-Unis et la Chine.

L'Arabie saoudite était auparavant un partenaire clé du Canada au Moyen-Orient et, selon une note d'information distincte, les échanges commerciaux de ces pays s'élevaient à plus de 4 milliards en 2017. Cette année-là, les investissements directs de l'Arabie saoudite au Canada s'élevaient à 1,28 milliard, indique la note préparée pour le ministre des Finances, Bill Morneau, après le début de la crise.

Scott Jolliffe, président du Conseil de commerce canado-arabe, a déclaré en entrevue que les investissements saoudiens au Canada avaient été interrompus en août dernier. Il a également indiqué que les entreprises canadiennes ont été empêchées de soumissionner pour de nouveaux projets dans le royaume.

D'autre part, il a affirmé que les choses se sont généralement déroulées comme d'habitude pour les membres qui réalisaient déjà des affaires en sol saoudien. M. Jolliffe a également dit n'avoir entendu parler d'aucun refus de visa.

« Pour le moment, il ne semble pas y avoir grand-chose qui est fait pour renforcer et reconstruire la relation », a dit M. Jolliffe, qui a eu des entretiens avec M. Carr sur la question.