La neige et la pluie ont causé une nouvelle vague d'effondrements de toits dans diverses régions du Québec. Dans le secteur de Joliette, le toit d'une entreprise s'est effondré tard dimanche soir et une autre a dû être évacuée hier midi ; à Terrebonne, deux toits se sont aussi effondrés, dont celui d'une épicerie qui a écrasé toute la section des fruits et légumes. Personne n'a été blessé.

L'épicier propriétaire Jacques Leclerc était soulagé hier en voyant les ingénieurs inspecter ce qui reste du toit de sa franchise Metro Plus du boulevard Moody, à Terrebonne. La veille, peu avant minuit, son gérant de soir a eu la présence d'esprit d'appeler les services d'urgence quand l'équipe a entendu des craquements bizarres.

En arrivant sur les lieux, les pompiers ont demandé aux six employés d'évacuer les lieux. À peine 20 minutes plus tard, peu avant minuit, le tiers du toit de l'épicerie s'est effondré. Aucun client ne se trouvait à l'intérieur du commerce ouvert 24 heures sur 24, un édifice fraîchement rénové l'an dernier.

« Personne n'est blessé, c'est tout ce qui compte. On va évaluer les dommages, mais c'est clair qu'on va demeurer fermé un bon  bout de temps. » - Jacques Leclerc, épicier propriétaire

Au siège social de l'entreprise de distribution alimentaire Metro, la porte-parole Geneviève Grégoire a expliqué que le propriétaire franchisé avait procédé à l'inspection de sa toiture le 16 février dernier. Les drains d'écoulement de l'eau avaient été vérifiés dimanche matin, a-t-elle ajouté.

« Il ne s'agit pas de négligence, c'est clair, a affirmé Mme Grégoire. Nos franchisés ont une charte de mesure pour les toits. Les vérifications sont fréquentes. Il va falloir attendre les rapports des inspecteurs pour savoir ce qui s'est passé. »

Quelques heures plus tard, à la Ville de Terrebonne, on a enjoint à la population - plus particulièrement les commerçants et gestionnaires d'industrie - d'inspecter et de déneiger les toitures.

Par mesure préventive, la direction municipale des incendies a évacué hier trois autres édifices - au 1720 et au 2143, chemin Gascon, puis au 1299, boulevard des Seigneurs. Dimanche, avant l'effondrement du toit de l'épicerie, un garage s'était écroulé sous le poids de la neige au 100, rue Grenon. Des équipes de l'entreprise Énergir (nouveau Gaz Métro) ont été appelées à intervenir pour colmater une fuite de gaz naturel dans le sol.

Des employés sous le choc

La rentrée au travail a plutôt laissé place à un choc terrible pour les employés de l'entreprise de fabrication d'écrans - entre autres IMAX - Strong-MDI, rue Raoul-Charette à Joliette. Environ 80 personnes se sont retrouvées en congé bien malgré elles quand la neige a eu raison de la partie centrale de l'immeuble industriel. Sur place, des travailleurs venus constater l'ampleur des dégâts contenaient difficilement leurs émotions.

« On a appelé tout le monde pour les aviser. Des employés se sont présentés sur le site quand même, on avait des responsables sur place, a dit Geneviève Desroches, directrice de production de l'usine Strong-MDI, jointe par La Presse. On va gérer au jour le jour. On est dans l'inconnu nous aussi et on attend des nouvelles des assurances. Un expert en sinistre viendra demain [aujourd'hui]. »

L'usine a été construite en plusieurs phases ; c'est la plus vieille - datant de 1997 - qui s'est effondrée, a expliqué la directrice.

« C'est une section qu'on déneige tout le temps. On l'avait fait il y a deux semaines. Et on devait le refaire [hier] matin. » - Geneviève Desroches, directrice de production de l'usine Strong-MDI

La section qui s'est écroulée abritait l'atelier où se fait la soudure par radiofréquence servant à fabriquer les écrans de cinéma avec de la machinerie spécialisée.

« On est pas mal sûrs que pour nos équipements, ce sera perte totale », a laissé tomber Mme Desroches, incapable d'évaluer la valeur totale des dommages.

« Peu importe les pertes matérielles, ça se reconstruit. La seule chose positive, c'est qu'il n'y a eu aucune perte humaine. Et on va faire ce qu'on peut pour repartir l'usine aussi vite que possible », a-t-elle affirmé, invitant les employés à « ne pas se décourager ».

« Appel à la vigilance »

Au Service d'incendie de Joliette, le chef de division à la prévention, Patrick St-Louis, a expliqué que le centre de réadaptation La Myriade, au 845, rue Saint-Louis, avait par la suite été évacué par mesure préventive. Des gens inquiets avaient communiqué avec les services d'urgence. « C'est très dommage ce qui s'est passé [à l'usine Strong-MDI], heureusement, il n'y a pas eu de blessé. »

« La population doit comprendre qu'on ne peut pas sortir l'échelle et vérifier les toits des édifices de la ville un par un. »

« On a lancé un appel à la vigilance, il faut prêter attention aux portes qui se mettent à mal fermer, aux craquements inhabituels, ajoute Patrick St-Louis. Ce qu'on constate, c'est que l'argent peut être un frein à faire appel à des professionnels pour dégager les toits. »

Ailleurs au Québec

Les toits des immeubles de la Mauricie n'ont pas été épargnés par la nouvelle vague d'effondrements. Dimanche, une partie du toit de l'usine Dinec, à Trois-Rivières, s'est effondrée, forçant le Groupe Bermex à suspendre ses activités.

Il n'existe pas de réglementation au Québec pour l'accumulation maximale de neige ou de glace sur les toits. L'Association des techniciens en prévention incendie du Québec (ATPIQ) a diffusé un communiqué avertissant que le poids de la neige va s'accentuer dans l'ouest de la province avec la pluie et dans l'est avec la neige. À la Régie du bâtiment du Québec, on a de nouveau lancé un appel à la vigilance : on demande de déneiger les sorties de secours des bâtiments, les balcons, les remises, les garages, etc.

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Guide de pelletage

Cherchez et écoutez les signes de tension (bruits inhabituels provenant du toit et des murs porteurs).

Surveillez le déplacement visible des murs, l'affaissement du plafond ou la fissuration des plaques de plâtre.

D'autres signes peuvent comprendre des portes qui coincent et des fuites d'eau qui se manifestent à la suite d'une importante chute de neige.

Source : Conseil national de recherches Canada