Un couple canadien qui a dû quitter Haïti en raison des manifestations violentes est heureux d'être de retour à la maison, mais il compatit pour ceux qui restent au pays.

Wade et Marilyn Fitzpatrick font partie des 24 missionnaires de l'organisme albertain Haiti Arise qui ont été évacués de Port-au-Prince samedi soir.

En entrevue, le couple originaire de Weyburn, en Saskatchewan, a relaté que le groupe avait été transporté à l'aéroport de Port-au-Prince en hélicoptère, puisque les routes sont bloquées par des pneus incendiés et des manifestants armés de pierre et de fusils.

Ils sont soulagés d'être en sécurité, mais ils s'inquiètent du sort des Haïtiens, qui risquent de manquer de nourriture et d'eau si les routes ne rouvrent pas prochainement.

«Ils sont à court, à court de tout», a déclaré M. Fitzpatrick, dimanche, en entrevue depuis Fort Lauderdale, en Floride.

«Il n'y a rien qui bouge sur les autoroutes nationales, alors l'eau, la nourriture et toutes ces choses disparaissent», a-t-il ajouté.

Des manifestations ont éclaté dans les rues du pays pour réclamer la démission du président Jovenel Moïse. Les Haïtiens dénoncent l'explosion de l'inflation et l'incapacité du gouvernement à accuser qui que ce soit dans le détournement de fonds d'un programme vénézuélien de plusieurs milliards de dollars qui visait à envoyer du pétrole à rabais en Haïti.

Les Fitzpatrick qui ont vécu quelque temps en Haïti dans les dernières années, disent avoir été témoins de manifestations du genre par le passé, mais ils s'en sont toujours éloignés.

«Si on va trop près pour en être témoin, on est dans le pétrin», a indiqué M. Fitzpatrick.

Le pays situé dans les Caraïbes a été dévasté par des catastrophes naturelles dans les dernières années, dont le tremblement de terre de 2010 et l'ouragan Matthew en 2016.

Mais cette fois-ci c'est différent, selon M. Fitzpatrick, puisqu'il s'agit d'une controverse causée par l'humain.

«Dans une catastrophe naturelle, le pays s'unit, mais cette zone particulière du pays est fissurée et il n'est pas possible de s'unir pour améliorer les choses», a-t-il expliqué.

D'autres Canadiens sont restés pris en Haïti, dont des missionnaires, des professionnels de la santé, des touristes et des étudiants. Plusieurs d'entre eux ont pu se rendre à l'aéroport en hélicoptère, mais d'autres ont utilisé des moyens de transport plus dangereux.

Cent treize Québécois qui étaient piégés dans un complexe hôtelier haïtien avaient également été évacués en hélicoptère, avant de prendre un vol vers Montréal, qui a atterri samedi soir.