(Montréal) La France, la Belgique, le Chili, le Brésil ou encore la Chine ? Ces destinations en font certainement rêver plusieurs, mais pour Affaires mondiales Canada, ces États font partie de la longue liste d’endroits où il est conseillé de « faire preuve d’une grande prudence ».

D’après la liste de conseils et d’avertissements aux voyageurs du gouvernement canadien, on recommande d’« éviter tout voyage » dans pas moins de 21 pays. Évidemment, on y retrouve la Corée du Nord, l’Irak, la Syrie et bon nombre d’États en guerre ou sous le joug de régimes répressifs.

Toutefois, on y retrouve certains endroits qui pourraient paraître attirants pour des voyageurs, comme le Venezuela ou Haïti, mais qui sont secoués par des soulèvements populaires ou de l’instabilité politique. Dans le cas de la « Perle des Antilles », on ajoute la nuance d’« éviter tout voyage non essentiel ».

À un niveau moins alarmant, ce sont près d’une centaine de pays du monde où Affaires mondiales Canada recommande de « faire preuve d’une grande prudence ». On retrouve dans cette liste de nombreuses destinations européennes, sud-américaines ou asiatiques.

Par courriel, la porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Krystyna Dodds, indique que ces avertissements sont rédigés par le ministère « en consultation avec l’ambassade ou le consulat du Canada dans le pays concerné ». Le niveau des avertissements est basé sur « une évaluation globale de la situation en matière de sécurité ».

Selon le président de l’Association des agents de voyage du Québec (AAVQ), Moscou Côté, ses membres sont toujours à l’affût des avertissements du ministère des Affaires étrangères pour « éviter les destinations potentiellement dangereuses ».

Les avis appelant à « éviter tout voyage non essentiel » sont fortement pris en considération par les agents de voyage. « Ça a un impact majeur et plusieurs opérateurs vont permettre d’annuler les voyages, soit en redirigeant le consommateur vers une autre destination où en le remboursant », explique M. Côté.

Toutefois, les appels du gouvernement à la prudence sont pris avec un grain de sel, surtout dans les endroits fortement fréquentés par la clientèle.

« Ce n’est pas une grande inquiétude pour les agents de voyage, reconnaît celui qui est également directeur général de Voyages Constellation. Cela a très peu, voire pas du tout d’impact pour les voyageurs. »

Dans le cas de la Chine, Affaires mondiales conseille la prudence aux voyageurs canadiens en raison « du risque d’application arbitraire des lois locales ». Une mention qui n’est pas sans rappeler la détention de deux Canadiens, l’ex-diplomate Michael Kovrig et l’entrepreneur Michael Spavor, arrêtés en décembre 2018 dans ce qui a tout l’air de mesures de rétorsion en réponse à l’arrestation par le Canada de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, en vertu d’un mandat d’extradition américain.

Ottawa met également en garde contre certaines pratiques observées dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang. On affirme que « de plus en plus souvent » « les autorités chinoises détiennent des membres de minorités ethniques sans suivre la procédure normale ».

Encore là, cette mention rappelle la détention d’un autre Canadien en Chine, soit Huseyin Celil. Cet homme est un ancien militant ouïghour ayant obtenu la citoyenneté canadienne en 2005. Il a cependant été arrêté par les autorités chinoises lors d’un voyage et est détenu depuis 13 ans.

De plus, le ministère appelle les voyageurs à se tenir « à l’écart des manifestations ». Dans le cas plus précis de Hong Kong, on prévient le public d’être prudent face aux manifestations à grande échelle et aux mouvements de foule spontanés.

En Europe, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Russie font l’objet d’un avertissement en raison de « la menace terroriste élevée », soutient-on. Certaines régions de Russie en conflit sont carrément à fuir mentionne également le ministère des Affaires étrangères.

Avertissements dans le sud

Pour celles et ceux qui planifient de s’envoler au sud, loin de l’hiver, certaines destinations nécessitent de prendre diverses précautions.

Si l’on recommande d’éviter Haïti ou le Venezuela, on suggère également d’être prudent si l’on s’aventure au Chili, au Mexique, au Brésil, au Costa Rica, au Belize ou en Jamaïque.

Dans la plupart de ces endroits, on note des taux de criminalité élevés et un niveau de violence élevé.

En ce qui concerne le cas précis du Chili, on souligne l’instabilité politique et les grèves générales survenues dans la capitale, à Santiago.

Au Mexique, on déconseille catégoriquement les déplacements dans plusieurs régions précises hautement dangereuses et l’on met en garde contre la présence de barrages routiers illégaux à certains endroits.

À propos des séjours dans le sud, le président de l’AAVQ Moscou Côté souligne l’importance de faire preuve de discernement. Particulièrement dans le cas du plus important État d’Amérique centrale.

« Du nord du Mexique au sud du Mexique, c’est à peu près l’équivalent d’Halifax à Toronto. Il peut y avoir une situation dans une partie du pays et ça n’aura pas d’impact sur les régions touristiques », tient-il à préciser.

« Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée présentement d’aller dans le nord du Mexique, où les cartels contrôlent la drogue et tout ça. Par contre, les destinations touristiques comme Puerto Vallarta ou Riviera Maya, ce sont des destinations très prisées où des milliers de Québécois et de Canadiens vont chaque semaine », ajout M. Côté.

En plus des avertissements liés aux menaces potentielles présentes à travers le monde, on peut également consulter de nombreux conseils sur les précautions à prendre en matière de santé ainsi que sur les démarches et documents exigés par chaque État afin d’être admis sur leur territoire ou d’en sortir.