(Ottawa) Les éloges du système d’immigration économique canadien sur la scène internationale devraient faire office de contrepoids factuel à l’hostilité envers les nouveaux arrivants, a soutenu le ministre fédéral de l’Immigration, mardi.

Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) désigne le Canada comme un chef de file mondial en matière de sélection et de rétention de la main-d’œuvre étrangère au profit des économies tant nationales que régionales.

L’étude de l’OCDE fait surface alors que le gouvernement de François Legault tâche d’abaisser les seuils d’immigrations du Québec et que les questions relatives aux nouveaux arrivants semblent sur le point de constituer une pierre angulaire de la campagne électorale fédérale.

Le ministre canadien de l’Immigration, Ahmed Hussen, soutient que les échos qui lui parviennent d’employeurs, de citoyens et d’autorités locales ne reflètent pas les positions anti-immigration qui circulent couramment sur les médias sociaux et dans les rues à travers le pays.

Le gouvernement fédéral a la responsabilité de lutter contre la désinformation à propos du rôle que jouent les immigrants dans l’économie canadienne, a-t-il reconnu.

« La meilleure arme consiste à combattre la peur par les faits, et le fait est que l’immigration continue d’être extrêmement bénéfique pour le Canada », a fait valoir le ministre Hussen.

L’OCDE s’est penchée sur la manière dont le Canada recrute de la main-d’œuvre étrangère — du programme Entrée express, par lequel le gouvernement « invite » les gens à venir s’établir au Canada de manière permanente, jusqu’à des programmes plutôt destinés aux travailleurs temporaires.

Selon l’analyse de l’OCDE, le système canadien est bien huilé malgré quelques lacunes, comme le fait qu’un trop grand nombre de qualifications professionnelles ne sont pas reconnues au Canada.

85 000 immigrants économiques par an

Certains des changements que les libéraux ont apportés au système depuis sa mise en place par le gouvernement conservateur précédent — comme la réduction du nombre de points accordés aux candidats ayant reçu une offre d’emploi — ont permis de mieux aligner les demandes d’immigration avec les besoins du marché du travail.

Environ 85 000 immigrants économiques s’installent au Canada annuellement. Que ce chiffre soit trop élevé, trop bas ou adéquat constitue souvent une source de tensions sur le plan politique, parfois alimentée par la perception d’une intégration plus ou moins réussie des nouveaux arrivants.

Les députés québécois débattent cette semaine d’une diminution proposée des seuls d’immigration de la province, qui abaisserait de 20 % le nombre de nouveaux arrivants reçus dès cette année. Il s’agit d’une promesse électorale de la Coalition avenir Québec, qui juge que trop peu d’immigrants maîtrisent le français et que leur taux de chômage est trop élevé.

Le gouvernement de François Legault se heurte toutefois à une opposition du milieu de la finance, où des gens d’affaires affirment que la province aurait en fait besoin d’encore plus d’immigrants.

Le ministre Hussen partage cet avis : « Nous pensons qu’il n’est pas temps de réduire le nombre d’immigrants qualifiés, mais qu’il est temps de continuer à faire croître notre économie de manière responsable. »

Le rapport de l’OCDE ne s’est pas spécifiquement attardé au système d’immigration du Québec, qui fonctionne indépendamment du système fédéral et des autres systèmes provinciaux en matière de sélection des immigrants économiques. L’OCDE a néanmoins relevé que les nouveaux arrivants admis et accueillis directement par les provinces réussissent généralement mieux que ceux qui passent par des programmes fédéraux.