(Vancouver) La GRC est sous les feux de la rampe sur ce qu’elle doit dévoiler au sujet des deux jeunes adultes soupçonnés de trois meurtres qui auraient été retrouvés sans vie dans le nord du Manitoba.

Divers experts espèrent qu’elle révélera des informations tout en convenant que la police doit maintenir un équilibre entre le droit du public à l’information et la protection de la vie privée des personnes mortes et de leur famille.

« Elle devra peut-être faire preuve de prudence dans la façon dont elle va présenter les choses. J’espère que la police en dira plus sur les motifs, car, ce que nous voulons, c’est prévenir de telles tragédies », dit Neil Boyd, un criminologue de l’Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique.

La GRC pense avoir retrouvé cette semaine cette semaine les cadavres de Bryer Schmegelsky, et de Kam McLeod, âgés respectivement de 18 et 19 ans. Les deux individus avaient été formellement accusés du meurtre de Leonard Dyck, un professeur de l’Université de la Colombie-Britannique. Ils étaient aussi soupçonnés des assassinats de l’Australien Lucas Fowler et de sa copine américaine Chynna Deese.

Au cours d’une conférence de presse qui s’est déroulée mercredi, le commissaire adjoint de la GRC, Kevin Hackett, ne s’est pas engagé à fournir des précisions sur l’enquête en cours. « Il se peut que cela soit possible à l’avenir, mais je ne suis pas en mesure d’en parler aujourd’hui. »

M. Boyd défend comment la GRC a traité ce cas. Selon lui, la divulgation de trop de détails pendant la cavale des fugitifs aurait pu compromettre l’enquête.

« Certains éléments peuvent être révélés aux seules familles concernées s’ils sont inutilement horribles ou impliquent des renseignements personnels », ajoute-t-il.

Le directeur général du Centre pour le droit et la démocratie, Toby Mendel, rappelle que la GRC n’a jamais officiellement désigné McLeod et Schemegelsky comme les principaux suspects dans la mort des deux étrangers. Pour lui, cela renforce l’argument que le corps de police fédéral devrait divulguer des informations sur la manière avec laquelle l’enquête a été menée.

« Chaque fois qu’il a une allégation d’actes répréhensibles ou de comportement inapproprié de la part d’un quelconque responsable, l’intérêt public à l’accès aux informations augmente considérablement, soutient M. Mandel. Cela signifie que les autorités ont besoin d’une argumentation plus lourde pour ne pas révéler des informations. »

Il convient que les enquêteurs doivent avoir la liberté de prendre des décisions sur la nature des renseignements à dévoiler lorsqu’ils sont dans le feu de l’action. Toutefois, cela ne les protège pas contre un réexamen ultérieur de ces décisions.

Cette histoire a captivé de nombreuses personnes dans tout le pays. Certaines sont devenues plus craintives ou ont estimé que leur sécurité était menacée.

« Un juge britannique a déjà déclaré dans une cause célèbre que l’intérêt du public n’était pas défini par ce qu’il l’intéressait. La simple curiosité au sujet d’un fait sensationnel ne doit pas l’alimenter. Mais dans le cas qui nous préoccupe, on doit examiner ce qui se cache derrière la curiosité. »

Le président de la section du droit de la vie privée et de l’accès à l’information de l’Association du barreau canadien, Lorne Randa, souligne que la GRC doit prendre en compte le fait que la protection de la vie privée d’un individu ne cesse pas à sa mort. Les membres de sa famille ont aussi droit à leur vie privée.

La Loi sur la protection des renseignements personnels comprend une disposition permettant à la police de divulguer des renseignements personnels dans les cas où il serait dans l’intérêt public de le faire. Cependant, la définition de ce qui est dans l’intérêt public est discrétionnaire, a déclaré l’avocat.

« Rien n’oblige la GRC à divulguer des informations de cette nature », dit Me Randa.