(Montréal) Un demandeur d’asile qui dit craindre pour sa vie en raison de son orientation sexuelle ne sera pas déporté en Guinée samedi, a indiqué son avocat.

Me Stewart Istvanffy a confirmé vendredi que le Comité des droits de l’homme des Nations unies avait demandé au Canada de suspendre sa déportation pendant qu’il étudie le dossier de l’individu appelé seulement Karim pour des raisons de sécurité.

Le Canada a accepté cette demande, a affirmé Me Istvanffy.

Ce processus peut durer environ un an ou un an et demi, mais le gouvernement fédéral pourrait décider d’intervenir à mi-parcours pour demander à l’organisation internationale de lever la suspension, a indiqué l’avocat.

Me Istvanffy a appelé le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Ahmed Hussen à agir pour que l’homme reste de façon permanente au pays.

« Il devrait intervenir, les preuves sont tellement fortes qu’il faudrait intervenir pour que cet homme arrête de souffrir », a-t-il soutenu en entrevue.

Karim devait être expulsé vers la Guinée ce samedi, la Cour fédérale ayant refusé de lui accorder un sursis.

L’homme a fui la Guinée pour demander le statut de réfugié au Canada après que sa famille et le parti politique d’opposition au sein duquel il militait eurent découvert sa bisexualité. Marié et père de famille, il vivait en quelque sorte une double vie en cachette.

En conférence de presse, dimanche dernier, Karim avait imploré le gouvernement canadien à l’aider. « Je ne suis pas un criminel. Tout ce que je demande, c’est une protection », a supplié le jeune homme.

Dans une déclaration transmise par courriel, le porte-parole du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Ahmed Hussen a indiqué que le gouvernement ne pouvait pas commenter des cas particuliers.

« Nous comprenons que les décisions sur les cas d’immigration peuvent avoir un impact profond sur la vie des individus. Nous sommes déterminés à faire en sorte que les personnes renvoyées du Canada ne soient pas envoyées dans un pays où elles seraient en danger ou exposées à la persécution », a déclaré Mathieu Genest.

« Nous traitons ces questions très sérieusement et la décision de renvoyer quelqu’un du Canada n’est pas prise à la légère. Toute personne menacée d’expulsion a droit à une procédure bien établie, qui comprend différents niveaux d’appel. »

L’Agence des services frontaliers du Canada n’a pas voulu elle non plus confirmer la nouvelle.

« L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ne peut pas commenter sur le dossier et les procédures d’immigration qui concernent une personne particulière, en raison de la Loi sur la Protection des Renseignements personnels. L’ASFC ne peut donc pas confirmer le statut ou les dates de renvoi ou de renvoi prévues d’une personne », a indiqué sa porte-parole principale, Rebecca Purdy.

Mme Purdy a indiqué qu’une « personne visée par une mesure de renvoi du Canada a droit à une application régulière de la loi et peut donc en appeler devant différentes instances judiciaires. Ces mesures ne sont exécutées qu’après épuisement de tous les recours prévus dans l’application régulière de loi ».