(Ottawa) Le fédéral s'engage à protéger les numéros d'assurance sociale (NAS) des victimes du vol de données au Mouvement Desjardins... mais pas à les remplacer, comme le demandent des dizaines de milliers de pétitionnaires.

«Le gouvernement du Canada est déterminé à protéger les NAS contre la fraude et l'usage inapproprié», a-t-on signalé au bureau du ministre responsable du dossier, Jean-Yves Duclos, en disant comprendre «l'inquiétude» des personnes touchées.

«Notre gouvernement est en communication avec l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin d'offrir tout le soutien nécessaire dans ce dossier», a-t-on indiqué dans la même déclaration.

En coulisses, on mentionne cependant que remplacer les NAS des quelque 2,9 membres à qui l'on a ravi cette information serait un véritable casse-tête. Remplacer cette donnée est par ailleurs «très rare», s'établissant à environ 60 par année depuis 2014.

Et «cela ne protégerait pas nécessairement la personne de fraude subséquente ni de vol d'identité», a-t-on souligné en guise de réaction à une pétition lancée la semaine passée pour réclamer un remplacement des NAS, qu'ont signée plus de 85 000 personnes.

Le président du Bureau canadien du crédit, Sylvain Paquette, abonde dans le même sens. «Ce n'est pas réaliste. Quand on change de numéro d'assurance sociale, on reste responsable de l'ancien», a-t-il exposé en entrevue à La Presse.

«Il faut vraiment retourner en arrière, tout changer. C'est la victime qui a le fardeau de la preuve, et ce serait à elle d'aviser toutes les institutions depuis l'émission du numéro, les aviser qu'il a été changé», a-t-il spécifié.

Réunion d'urgence à Ottawa

Le Parti conservateur a demandé et obtenu lundi la convocation d'une réunion d'urgence du comité permanent de la sécurité publique et nationale pour faire le point sur cette affaire de vol d'informations personnelles.

La rencontre aura lieu la semaine prochaine, au moment «le plus opportun pour tous», a signalé le président du comité, le libéral John McKay - qui n'avait d'autre choix que d'accéder à la demande des trois conservateurs et du néo-démocrate du comité.

L'élu qui a piloté la démarche, Pierre Paul-Hus, indique à La Presse que si la possibilité d'émettre de nouveaux NAS pourrait certes être débattue, «ce n'est probablement pas la meilleure solution».

Lui-même personnellement victime de ce vol de données, le conservateur estime qu'a un rôle à jouer. «Les gens s'attendent que leur gouvernement leur donne un coup de main et leur donne rapidement des pistes de solution», a-t-il plaidé.

Des témoins devraient être entendus dès la semaine prochaine lorsque les députés du comité convergeront vers la colline du Parlement afin de discuter de ce vol de données massif.