(Osaka) La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a soutenu vendredi lors du sommet du G20 au Japon que le Canada avait eu la chance de constituer une « vaste coalition internationale » qui estime que les détentions arbitraires sont nuisibles.

Mme Freeland a indiqué que plusieurs pays avaient évoqué avec la Chine la détention des deux Canadiens et que ces efforts se poursuivaient lors du sommet du G20. Le cabinet du premier ministre a soutenu que Justin Trudeau avait eu « des échanges brefs et constructifs » avec le président chinois Xi Jinping au premier jour du sommet des leaders des principales économies, à Osaka.

Dans une séquence vidéo d’un déjeuner de travail, vendredi, on voit les deux dirigeants assis l’un à côté de l’autre, mais sans se parler, pendant plusieurs minutes, alors que les caméras sont pointées sur eux. M. Trudeau tente plutôt d’interagir avec le président brésilien, Jair Bolsonaro, assis de l’autre côté.

Selon des responsables canadiens, MM. Trudeau et Xi s’étaient salués avant cette scène. Sur des images captées par le diffuseur hôte, NHK, on peut aussi voir les deux hommes interagir avant un spectacle.

Le Canada souhaite depuis longtemps s’entretenir en haut lieu avec Pékin, en plus des discussions qui se déroulent aux niveaux diplomatiques, a déclaré la ministre Freeland vendredi, ajoutant que son gouvernement restait « très, très ouvert » à des entretiens au sommet. Mais à l’heure actuelle, la communication s’avère difficile : les Chinois ont indiqué qu’ils n’avaient aucun intérêt à s’entretenir avec de hauts responsables canadiens — même avec la ministre Freeland ou le premier ministre Trudeau.

Pour tenter de percer ce mur, Ottawa s’appuie maintenant beaucoup sur l’influence du président américain, pour qu’il aborde la question lors de son tête-à-tête avec son homologue chinois samedi. Donald Trump s’est engagé à le faire, la semaine dernière, lors de la visite de M. Trudeau à la Maison-Blanche.

Hormis le soutien des États-Unis, le premier ministre Trudeau a tenté de renforcer ses appuis dans le cadre d’une stratégie visant à encourager la Chine à libérer les deux Canadiens détenus et à mettre un terme aux tensions diplomatiques entre les deux pays.

Les arrestations des deux Canadiens — Michael Kovrig et Michael Spavor — sont largement perçues comme des représailles de Pékin après l’arrestation, en décembre à Vancouver, de la directrice financière de la société chinoise Huawei. Meng Wanzhou est actuellement en résidence surveillée à Vancouver, où elle fait face à son extradition vers les États-Unis pour répondre à des accusations de fraude.

L’ambassadeur de Chine au Canada, Lu Shaye, semblait vouloir réduire les tensions lors d’un discours d’adieu prononcé à l’ambassade à Ottawa avant le sommet. Il avait alors soutenu que les difficultés actuelles dans l’amitié canado-chinoise « n’étaient que temporaires ». M. Lu avait auparavant été très dur, affirmant que l’affaire Meng témoignait de « l’égotisme et de la suprématie blanche » des pays occidentaux, qu’il accusait de « se moquer et de piétiner la règle de droit ».

Après deux ans passés à Ottawa, M. Lu, qui parle français, a été réaffecté à Paris.