Une semaine après que le Canada a annoncé la fermeture de son ambassade à Caracas, le gouvernement vénézuélien a répliqué en fermant ses trois consulats au pays, dont celui de Montréal. Cette réplique diplomatique survient alors que le gouvernement Maduro rouvre la frontière avec la Colombie. Résumé de la situation vénézuélienne en cinq points.

Consulats fermés

Une semaine après que la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland, a annoncé la fermeture temporaire de l’ambassade du Canada au Venezuela, estimant que le gouvernement de Nicolás Maduro « limite la capacité des ambassades étrangères à fonctionner, surtout celles qui sont critiques du gouvernement », le gouvernement vénézuélien a répondu hier en mettant la clé sous la porte de ses consulats à Montréal, Toronto et Vancouver. L’ambassade à Ottawa restera néanmoins ouverte. Hier, La Presse a tenté de visiter les locaux du consulat, situé au 630, rue Sherbrooke Ouest, mais l’édifice était inaccessible.

« Subordination indéfectible »

Dans un communiqué publié en ligne, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela explique sa décision de fermer les consulats sur le sol canadien en accusant le gouvernement de Justin Trudeau d’avoir lui-même pris une « décision politique » en fermant son ambassade, démontant du coup sa « subordination indéfectible à la politique d’agression du gouvernement Trump contre le peuple vénézuélien », a écrit le ministre Jorge Arreaza dans un communiqué mis en ligne hier. « Nous souhaitons au Canada de retrouver son indépendance en matière de politique étrangère », a-t-il ajouté sur Twitter. Pour sa part, le Canada, à l’instar d’une cinquantaine de pays, considère que le gouvernement socialiste de Nicolás Maduro n’a pas de légitimité pour gouverner au Venezuela et estime que Juan Guaidó, à la tête de l’Assemblée nationale et président autoproclamé, est le leader intérimaire légitime du pays sud-américain.

Ruée vers la frontière colombienne

Alors que le gouvernement Maduro monte le ton à l’égard du Canada, des dizaines de milliers de Vénézuéliens ont traversé ce week-end les deux ponts qui séparent leur pays de la ville de Cúcuta, en Colombie. Interrogés par des journalistes, les réfugiés ont affirmé être à la recherche de nourriture et de médicaments, presque introuvables au Venezuela. Des dizaines de milliers sont aussi rentrés au Venezuela après leur ravitaillement, ont noté les autorités colombiennes. Vendredi, le président Maduro a annoncé qu’il rouvrait la frontière, quatre mois après l’avoir fermée. À l’époque, l’opposant Juan Guaidó essayait de faire entrer de l’aide humanitaire au Venezuela avec l’aide des États-Unis. Le président Maduro avait dénoncé l’opération, affirmant que son seul objectif était de le renverser. En annonçant la réouverture de la frontière avec la Colombie, Nicolás Maduro a réitéré son désir de défendre « l’indépendance et l’autodétermination du Venezuela  ».

PHOTO CARLOS EDUARDO RAMIREZ, REUTERS

Hier et samedi, des dizaines de milliers de Vénézuéliens ont traversé les deux ponts qui séparent leur pays de la ville de Cúcuta, en Colombie.

4 millions d’exilés

Dans un rapport rendu public vendredi, deux agences des Nations unies estiment que plus de 4 millions de personnes ont fui le Venezuela depuis la fin de 2015. Du coup, disent les porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour la migration (OIM), les Vénézuéliens « sont l’un des plus grands groupes de population à être déplacés de leur pays ». Seuls les Syriens sont déplacés en plus grand nombre, avec près de 5,6 millions de personnes hors des frontières. Les pays voisins du Venezuela abritent la grande majorité de ceux qui fuient la crise à la fois politique, économique et humanitaire dans leur pays. Au dire des Nations unies, la Colombie abrite à elle seule 1,3 million de personnes, alors que le Pérou en accueille plus de 768  000, le Chili, 288  000 et l’Équateur, 263 000. « Ces chiffres alarmants témoignent de l’importance de venir en aide aux communautés d’accueil dans les pays hôtes », a dit Eduardo Stein, représentant spécial des Nations unies pour les réfugiés et migrants vénézuéliens.

« Ne pas lever les sanctions »

Interrogé par l’agence Bloomberg à Caracas cette semaine, Juan Guaidó a affirmé que le Venezuela allait devoir tolérer plus de souffrances afin que le régime de Nicolás Maduro soit renversé. Celui que presque tous les pays d’Amérique latine, le Canada et les États-Unis considèrent comme le président légitime du Venezuela, même s’il n’a pas été élu dans cette fonction, refuse de demander aux États-Unis de lever les sanctions qui contribuent à la détérioration de l’économie vénézuélienne, déjà au bord du précipice. « Ça va continuer d’empirer » avant que la situation change, a-t-il dit en entrevue. Plusieurs observateurs du Venezuela croient que le mouvement d’opposition s’essouffle, malgré le soutien du gouvernement Trump.

— Avec Bloomberg, l’Agence France-Presse, Associated Press et Al-Jazeera