(Vancouver) La commissaire en chef de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) a déclaré qu’il était « assez évident » que les tragédies décrites dans son rapport équivalent à un génocide.

Marion Buller a tenu ces propos dans un discours prononcé lundi lors d’une conférence sur le sujet organisée par l’Université de la Colombie-Britannique en collaboration avec l’Université de Georgetown, à Washington, D. C.

Le rapport final de l’enquête, publié la semaine dernière, faisait état d’une série d’agressions délibérées et persistantes à l’encontre de femmes, filles, personnes bispirituelles et personnes LGBT autochtones. Selon les commissaires, ces agressions ne peuvent être qualifiées que de génocide.

En entrevue, Mme Buller a affirmé qu’elle acueillait favorablement le débat sur la signification d’un génocide.

Il est nécessaire d’avoir ces conversations « horribles et difficiles » avant de passer à l’action, selon elle.

Mme Buller a rappelé qu’il existait plusieurs formes de génocides.

« Le type de génocide dont nous parlons dans notre rapport englobe des générations de sous-financement, des générations de marginalisation, des générations de communautés déplacées vers de nouveaux endroits sans consentement, des générations de personnes enlevant des enfants sans consentement », a-t-elle expliqué.

Le premier ministre Justin Trudeau a promis de présenter un plan national pour résoudre les problèmes soulevés dans le rapport. Mme Buller ne s’inquiète pas à l’idée que le plan ne soit prêt avant les prochaines élections fédérales.

« Je ne pense pas que quelque chose comme un plan d’action national devrait être précipité, car il doit y avoir une participation adéquate des peuples autochtones, des organisations autochtones », a-t-elle soutenu.

Mme Buller dit être satisfaite de la réaction du premier ministre Trudeau jusqu’à présent et est soulagée qu’il accepte toutes les conclusions de l’enquête.

« Cela signifie qu’il croit aux familles et aux survivants et à leurs vérités, a-t-elle indiqué. Alors, je pense que c’est peut-être un ou deux pas en avant. J’espère seulement que pendant les élections, nous ne ferons pas un pas en arrière. »

Mme Buller ne craint pas non plus qu’un nouveau gouvernement n’accepte pas la conclusion d’un génocide. Partout au Canada, les militants, les survivants et les membres de leur famille ne laisseront pas le rapport reposer sur une tablette, a-t-elle assuré.

« Quel que soit le parti qui formera le gouvernement, il devra faire face à — je pense que le mot poli serait — des “encouragements” de la part de tous ces groupes. »