(Ottawa) Les efforts déployés par les Forces armées canadiennes dans les dernières années pour empêcher les inconduites sexuelles n’ont pas donné les résultats voulus. Un sondage de Statistique Canada mené en 2018 démontre que les agressions sexuelles sont toujours aussi présentes qu’en 2016.

En 2018, quelque 900 membres de la Force régulière, qui comprend des membres à temps plein, ont déclaré avoir été victimes d’une agression sexuelle dans le cadre de leurs fonctions dans les 12 mois précédant le sondage. Il s’agit d’une légère baisse par rapport au sondage de 2016, qui représentait quelque 960 hommes et femmes.

Toutes proportions gardées, la prévalence d’agressions sexuelles est plus élevée au sein des réservistes. Quelque 600 personnes ont vécu une agression sexuelle, une situation qui s’expliquerait par le nombre plus élevé de jeunes âgés de 24 ans ou moins.

Le vice-chef d’état-major de la Défense, Paul Wynnyk, a déclaré que le nombre de membres du personnel qui continue à subir des agressions sexuelles est « totalement inacceptable ».

Plus de 36 000 membres des Forces armées ont répondu à un questionnaire en ligne entre septembre et novembre 2018, ce qui représente 44 % de l’effectif global de l’armée. Un exercice semblable avait été mené pour la première fois en 2016.

Des attouchements au viol

La grande majorité des incidents en milieu militaire étaient des contacts sexuels non désirés, ce qui implique tant les attouchements sexuels non désirés que les activités sexuelles sans consentement explicite.

Selon le sondage, 88 % des incidents au sein de la Force régulière et 86 % des incidents au sein de la Première réserve concernent des contacts sexuels non désirés.

Les femmes davantage visées

Comme c’était le cas en 2016, les femmes dans l’armée sont plus susceptibles d’avoir été agressées sexuellement que leurs collègues hommes.

Dans la division de la Force régulière, la proportion de victimes est de quatre femmes pour un homme. Au sein de la Première réserve, la proportion augmente à sept victimes femmes pour une victime homme.

Moins de blagues à caractère sexuel ?

Les résultats du sondage démontrent qu’une moins grande proportion de militaires ont été témoins ou victimes de « comportements sexualisés ou discriminatoires » qu’en 2016, mais le portrait est loin d’être reluisant.

Il est estimé que 70 % des membres de la Force régulière et 71 % des membres de la Première réserve ont été témoins de ces comportements, comparativement à 80 % et 82 % en 2016.

Les blagues à caractère sexuel sont les comportements les plus couramment observés ou vécus par les militaires.

Plus de signalements chez les jeunes

Les réservistes ont été plus nombreux à signaler les agressions sexuelles dont ils ont été victimes à une personne en position d’autorité. 30 % d’entre eux ont osé les dénoncer en 2018, contrairement à 18 % deux ans auparavant.

Au sein de la Force régulière, environ le quart des signalements ont été portés à l’attention d’une personne en position d’autorité-une proportion qui n’a pas changé ou presque depuis 2016.

De l’optimisme pour l’avenir

Seule lumière au tableau, les membres des FAC sont plus optimistes à l’égard de l’opération HONOUR, une initiative amorcée en 2015 par le général Jonathan Vance, chef d’état-major de la défense, pour tenter de mettre fin aux « comportements sexuels dommageables et inappropriés » au sein des Forces.

Environ la moitié des membres-49 % pour la Force régulière et 51 % de la Première réserve-pensent que l’opération HONOUR portera ses fruits « dans l’avenir ». En 2016, seuls 32 % et 29 % d’entre eux étaient du même avis, respectivement.