Des Canadiens d’origine sri-lankaise se sont rassemblés lundi pour pleurer ceux qui ont été tués lors des attentats terroristes coordonnés dans leur pays natal, dimanche, pendant qu’Ottawa conseillait aux Canadiens qui se trouvent actuellement dans ce pays de faire preuve d’une « grande prudence ».

Au moins 290 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées dans une série d’attentats à la bombe coordonnés qui ont secoué dimanche des églises et des hôtels de trois villes du Sri Lanka. Affaires mondiales Canada a confirmé qu’aucun Canadien ne figurait parmi les 39 étrangers tués. Les autorités ont indiqué que les nombreux attentats, qui auraient été commis par des kamikazes membres d’un groupe islamiste, visaient des fidèles rassemblés pour célébrer Pâques.

Les Sri-Lankais au Canada ont organisé des vigiles d’un océan à l’autre pour rendre hommage à ceux qui ont été tués et chercher du réconfort parmi ceux qui ont déjà été témoins de violence dans leur pays.

Edward Anura Ferdinand, président de l’Association Sri Lanka-Canada d’Ottawa, estimait que des centaines de Sri-Lankais se rassembleraient dans plusieurs villes canadiennes pour allumer des bougies, chanter des hymnes et composer avec les récents attentats. Une telle veille devait ainsi se dérouler lundi soir sur la colline du Parlement à Ottawa.

M. Anura Ferdinand a soutenu que l’horreur des violences de dimanche était aggravée, pour de nombreux Canadiens d’origine sri-lankaise, par les souvenirs de la guerre civile sanglante qui a justement conduit nombre d’entre eux à quitter leur pays. Lors de cette guerre civile, qui a pris fin en 2009, une puissante armée rebelle, les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, a été écrasée par le gouvernement.

Alors qu’un fort vent d’islamophobie a soufflé dans l’île ces dernières années, nourri par des nationalistes bouddhistes, le pays n’a pas par contre connu d’épisodes d’islamisme radical violent. La petite communauté chrétienne de ce pays n’a connu que des incidents isolés de harcèlement au cours des dernières années.

Lundi, le premier ministre sri-lankais, Ranil Wickremesinghe, a accordé aux militaires plus de latitude pour détenir et arrêter les suspects — des pouvoirs qui avaient été utilisés pendant la guerre civile, mais qui avaient été abrogés par la suite.

Député canadien

Le député fédéral canadien Gary Anandasangaree, qui a fui le Sri Lanka à l’âge de 10 ans, estime que ces attentats risquent de déstabiliser un pays qui lutte toujours pour instaurer une paix fragile. Il a aussi rappelé qu’un grand nombre de ses compatriotes expatriés s’inquiétaient des conséquences à long terme pour leurs proches, chez eux.

« Bien que la paix n’ait pas été réalisée sur l’île au cours des 10 dernières années, il y avait un semblant d’ordre dans certains endroits », a déclaré M. Anandasangaree. « Tout cela vient de s’arrêter. »

Le député torontois a d’ailleurs organisé une vigile dans l’est de la métropole, qui devait réunir lundi soir des leaders religieux issus de communautés chrétiennes, bouddhistes, juives et musulmanes.

De son côté, Affaires mondiales Canada indique dans un avertissement aux voyageurs sur son site internet que la situation au Sri Lanka « demeure instable » et que « d’autres attaques pourraient se produire à travers le pays ».

Par ailleurs, Ottawa rappelle que les autorités locales ont décrété l’état d’urgence et qu’un couvre-feu pourrait être mis en vigueur à tout moment. Les autorités locales ont aussi bloqué temporairement l’accès à la plupart des médias sociaux.

La porte-parole Amy Mills a exhorté les Canadiens à Colombo, la capitale du pays, à limiter le plus possible leurs déplacements, à éviter les zones touchées et à suivre les directives des autorités locales.