Les défenseurs d'une scientifique russe qui craint les représailles politiques si elle est renvoyée dans son pays affirment qu'elle pourra rester au Canada, du moins temporairement.

La chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, a annoncé lundi qu'Elena Musikhina, une opposante déclarée au gouvernement du président Vladimir Poutine, avait obtenu un permis de séjour de deux ans au Canada.

Cela signifie que Mme Musikhina et son mari, qui faisaient face à un ordre d'expulsion au début du mois de décembre, auront maintenant le temps de présenter une demande de résidence permanente, a indiqué Mme May dans un communiqué.

La chef du Parti vert, qui s'était portée à la défense de la famille, a remercié le ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen, d'être intervenu dans ce dossier, affirmant que le couple aurait été condamné à la prison, voire pire, s'il avait été renvoyé en Russie.

Oxana Genina, une amie de Mme Musikhina, a déclaré que celle-ci était «très heureuse et soulagée» par cette décision, mais qu'elle comprenait bien qu'elle avait encore du travail à faire pour pouvoir rester au Canada de façon permanente.

Elena Musikhina pense que sa famille est tombée en disgrâce face au gouvernement russe pour avoir condamné les incursions militaires de Moscou en Ukraine et pour avoir affirmé que la Russie avait annexé illégalement la Crimée.

Elle affirme également que ses travaux de recherche ont permis de découvrir des informations sur les risques environnementaux graves et la pollution résultant d'activités militaires autour du grand lac Baïkal, en Sibérie. Selon ses défenseurs, au moins cinq autres chercheurs et responsables qui étaient au courant de ces données sont morts dans des circonstances mystérieuses et violentes.

Le chien de compagnie de Mme Musikhina a été tué et elle-même a été visée par des coups de semonce au-dessus de sa tête. Des agents du Service fédéral de sécurité russe (FSB) avaient commencé à lui rendre visite.

Elena Musikhina et son mari Mikhail ont fui la Russie en 2015 pour rejoindre leur fille, qui détient le statut de résidente permanente et qui vit à Gatineau, au Québec.

Le couple a demandé l'asile au Canada, en vain, et ses appels subséquents ont échoué. La date de son expulsion avait été fixée au 3 décembre par l'Agence des services frontaliers du Canada.