Une opposante farouche au gouvernement russe, qui craint maintenant pour sa vie, soutient que le Canada est sur le point de la livrer à la police secrète du président Vladimir Poutine.

La scientifique russe Elena Musikhina et ses défenseurs implorent le gouvernement de Justin Trudeau de l'autoriser à demeurer au Canada pour des motifs humanitaires. Mme Musikhina soutient que sa famille a mécontenté les autorités russes lorsqu'elle a condamné les incursions militaires de Moscou en Ukraine et affirmé que la Russie avait annexé illégalement la Crimée.

La scientifique ajoute par ailleurs que ses recherches ont permis de découvrir des informations sur les graves risques environnementaux et la pollution qui résultent des activités militaires autour du lac Baïkal - un immense lac d'eau douce en Sibérie. Les défenseurs de Mme Musikhina soutiennent qu'une demi-douzaine d'autres chercheurs et responsables qui étaient au courant de ces données sont morts dans des circonstances mystérieuses et violentes depuis.

Le chien de Mme Musikhina a été abattu et elle-même aurait été la cible de tirs de semonce au-dessus de sa tête. Le FSB russe - le service de sécurité interne issu du KGB de l'ère soviétique - aurait aussi commencé à poser des questions.

Mme Musikhina et son mari Mikhaïl se sont enfuis de la Russie en 2015 pour rejoindre à Gatineau leur fille, résidente permanente au Canada. Le couple a ensuite demandé en vain l'asile au Canada, et les appels subséquents ont tous échoué.

L'issue de leur requête pour motifs humanitaires auprès du ministère de l'Immigration demeure incertaine, mais l'Agence des services frontaliers du Canada les a déjà prévenus qu'elle les informerait mardi prochain de la date de leur expulsion.

« Malheureusement, le gouvernement canadien semble vouloir nous jeter dans les bras de la police secrète russe », a déploré mardi Mme Musikhina en conférence de presse à Ottawa, flanquée de partisans et de membres de sa famille.

La chef du Parti vert, Elizabeth May, a demandé au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et au ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen, d'annuler les avis d'expulsion. « C'est urgent ; c'est une question de vie ou de mort », a soutenu Mme May lors de la conférence de presse. « Il n'y a aucun doute sur les risques qu'encourent les dissidents en Russie - c'est bien connu. »