Le gouvernement fédéral surveille étroitement la réaction du public face à l'afflux de demandeurs d'asile au Canada en prenant le pouls des réseaux sociaux et en menant des sondages à l'échelle nationale.

Selon des documents obtenus par la Presse canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, des fonctionnaires sont tenus au courant chaque semaine de la couverture médiatique et des réactions aux migrants franchissant de manière irrégulière la frontière avec les États-Unis.

Le ministère fédéral de l'Immigration a notamment mené deux enquêtes d'opinion auprès de 2000 Canadiens en mars dernier. Les répondants n'ont pas fait preuve d'une grande confiance en la capacité des autorités canadiennes à gérer les points d'entrée non surveillés de la frontière. Ils ne semblaient pas non plus penser qu'il est de leur devoir d'accepter les demandeurs d'asile en provenance des États-Unis.

Moins de la moitié d'entre eux - 43 % des répondants au sondage téléphonique et 35 % de ceux consultés en ligne - ont convenu que le Canada adopte les mesures appropriées pour gérer les entrées irrégulières au pays.

Quarante-deux % des répondants au téléphone et seulement 18 % de ceux sondés en ligne ont dit croire que le nombre de demandeurs d'asile était approprié.

« Les Canadiens sont plus réceptifs aux réfugiés sélectionnés par le gouvernement du Canada que ceux qui viennent au Canada et demandent l'asile », indiquent les documents internes.

Le ministère de l'Immigration se penche aussi sur l'opinion publique telle que présentée sur les réseaux sociaux en faisant la moyenne hebdomadaire des mentions de l'enjeu migratoire. Ottawa évalue aussi le nombre de fois que sont véhiculés des « mythes allant à l'encontre du message ».

Le gouvernement emploie également les médias sociaux comme un outil de diffusion à l'étranger pour sensibiliser les migrants en situation irrégulière qui envisagent de venir au Canada.

Grâce au marketing par moteur de recherche, une campagne de publicité ciblée a été menée du 18 décembre 2017 au 18 mars 2018 auprès des internautes se trouvant dans des villes américaines avec un nombre important d'immigrants dotés d'un statut de protection temporaire.

Le Canada avait connu un premier afflux de migrants irréguliers au début de l'an dernier, peu après que le président américain Donald Trump eut annoncé qu'il mettrait fin au programme offrant ce statut de protection temporaire pour les ressortissants de plusieurs pays.

Depuis, plus de 36 000 demandeurs d'asile sont arrivés au Canada en provenance des États-Unis, évitant les points de contrôle frontaliers officiels où ils auraient été forcés à rebrousser chemin en vertu de l'Entente sur les tiers pays sûrs.