Les Canadiens qui travaillent dans l'industrie légale du cannabis ne seront finalement pas refoulés automatiquement à la frontière américaine, précise maintenant l'agence des douanes et de la protection des frontières aux États-Unis.

Cette apparente volte-face soulagera les centaines de Canadiens qui travaillent déjà dans l'industrie légale de la marijuana.

Il y a quelques semaines encore, des porte-parole de l'agence américaine déclaraient en effet que toute personne qui admettrait travailler légalement dans des magasins ou des usines de cannabis au Canada pourrait se voir interdire l'entrée aux États-Unis - voire être bannie à vie de ce pays. Le simple fait d'investir dans une entreprise de cannabis pouvait suffire à éveiller les soupçons à la frontière, suggérait-on.

Mais dans un avis mis à jour sur son site internet cette semaine, l'agence américaine indique désormais qu'il ne suffira pas de travailler dans cette industrie pour se voir refuser l'entrée aux États-Unis.

L'agence américaine des douanes et de la protection des frontières précise maintenant qu'« un citoyen canadien qui travaille ou facilite l'expansion de l'industrie légale de la marijuana au Canada et qui se présente à la frontière américaine pour des raisons sans liens avec cette industrie sera généralement admis aux États-Unis ». Par contre, « si un voyageur arrive aux États-Unis pour une raison liée à l'industrie de la marijuana, il pourra être réputé "interdit de territoire" ».

La nouvelle loi canadienne sur la légalisation de la marijuana récréative entrera en vigueur mercredi prochain. Mais aux États-Unis, cette drogue demeure illégale en vertu des lois fédérales, bien que plusieurs États aient déjà légalisé le cannabis, comme le Colorado ou Washington. En règle générale, un consommateur connu des autorités ou une personne qui a été condamnée pour des infractions liées à la drogue aux États-Unis, au Canada ou ailleurs sera refoulé à la frontière américaine.

Len Saunders, un Canadien qui pratique le droit de l'immigration dans l'État de Washington, s'est dit « agréablement surpris » par la volte-face américaine à l'égard de ceux qui travaillent dans l'industrie du cannabis. Lorsque l'avis initial avait été rendu public à la mi-septembre, l'avocat croyait que ses deux ans de lobbyisme avaient été vains. Il ignore aujourd'hui ce qui a pu pousser les autorités américaines à changer d'avis au cours des trois dernières semaines.

Me Saunders conseille maintenant aux Canadiens qui oeuvrent dans l'industrie du cannabis d'imprimer cette nouvelle directive américaine et de l'apporter à la frontière, au cas où. L'avocat rappelle toutefois que les Canadiens qui sont impliqués de près ou de loin dans l'industrie du cannabis aux États-Unis, même dans des États où la marijuana est légale, peuvent toujours être interdits de séjour dans ce pays.