Échanges commerciaux, culturels, académiques. Les relations belgo-canadiennes s'accentuent, se félicite Raoul Delcorde, qui vient tout juste de terminer son mandat comme ambassadeur de Belgique au Canada. La Presse s'est entretenue avec lui à quelques jours de son départ pour Bruxelles. Aperçu en quatre points.

Une visite, 46 accords

 C'est le « point d'orgue » de son mandat, raconte Raoul Delcorde : la visite du roi et de la reine des Belges au Canada, en mars dernier.

Plus qu'un symbole monarchique, cette visite était d'abord et avant tout une vaste mission socio-économique ; une délégation de 220 personnes accompagnait le couple royal, dont beaucoup de gens d'affaires, mais aussi « tous les recteurs de toutes les universités de Belgique », rappelle le diplomate.

Au nombre des 46 accords bilatéraux signés lors de cette visite figurent d'ailleurs des ententes de « codiplomation » entre l'Université de Montréal et différentes universités belges. Des accords de coproduction ont également été conclus dans le domaine cinématographique, en plus de nombreux accords commerciaux, notamment dans les domaines agroalimentaire et aéronautique.

 Dans l'ombre de la France ?

La relation très forte qui unit la France au Canada, en particulier au Québec, fait-elle de l'ombre à la Belgique ?

« Je ne pense pas », tranche Raoul Delcorde, qui reconnaît néanmoins qu'il est « vrai qu'on ne pense pas à la Belgique en premier », au Canada, quand on regarde vers l'Europe francophone. La relation belgo-canadienne « évolue », les deux pays se « redécouvrent », affirme le diplomate, rappelant qu'il s'agit d'une « jeune » relation d'à peine 75 ans.

« On le voit avec nos universités », illustre-t-il, évoquant une augmentation des échanges. « Je pense que les jeunes Canadiens s'intéressent à ce que les universités belges peuvent offrir, et vice versa », poursuit-il, évaluant le nombre de Belges vivant au Canada à « 20 000 ou 25 000 ».

Presque champions du monde

Si la Belgique est reconnue depuis longtemps pour la qualité de ses bières, Raoul Delcorde se plaît à dire qu'elle l'est aussi maintenant pour le talent et la diversité de son équipe nationale de soccer, qui a terminé à la troisième place lors de la Coupe du monde, cet été, son meilleur résultat à vie.

« On avait une bonne équipe, on s'est bien battus contre les Français ! », s'enthousiasme celui qui avait troqué son habituel complet de diplomate pour le maillot des Diables rouges afin de regarder la demi-finale avec des ressortissants belges dans un bar de Montréal. Raoul Delcorde croit que cette performance a notamment fait découvrir la Belgique à de nombreux Canadiens.

L'éléphant dans la pièce

Le mandat de Raoul Delcorde a été marqué par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, aux États-Unis. En bon diplomate, il se garde bien de critiquer le président d'un pays qui est un grand allié du sien, de même que de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), dont le siège est à Bruxelles. Il dira tout de même que face à ce président isolationniste, « la Belgique et le Canada défendent et défendront une approche multilatérale ».

Les deux pays, et nombre de leurs alliés, pensent « qu'un État ne détient pas la vérité tout seul », explique-t-il, et qu'à l'ère de la mondialisation des échanges, « il paraît assez logique de se mettre à plusieurs » pour discuter des problèmes du monde.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

Raoul Delcorde croit que cette performance a notamment fait découvrir la Belgique à de nombreux Canadiens.