Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a attaqué la tenue de livres du précédent gouvernement de la province, lundi, qualifiant le résultat de « plus grand scandale gouvernemental depuis une génération ». Il a du même coup annoncé la création d'un comité spécial chargé de scruter en profondeur les pratiques fiscales de la province.

Doug Ford a juré de tenir responsable l'administration précédente lors d'un discours adressé à son caucus. Une décision qui survient quelques jours après que le ministre des Finances, Vic Fedeli, eut annoncé que le déficit de l'Ontario avait été révisé à la hausse à 15 milliards de dollars.

« Ils ne vont pas s'en tirer simplement en quittant le pouvoir », a déclaré M. Ford, dont le Parti progressiste-conservateur a remporté la majorité des sièges ce printemps. « Nous allons exiger des réponses pour savoir où est allé l'argent. »

Les opposants soutiennent que la décision de Doug Ford va probablement ouvrir la porte à des coupes dans les services et affichent un scepticisme face aux travaux de ce comité spécial.

Le premier ministre a toutefois insisté pour dire que le travail du « comité restreint » était vraiment nécessaire. Il aura le pouvoir d'appeler des témoins, d'exiger des documents et de rassembler des preuves en vue de déposer un rapport final attendu en décembre, a-t-il précisé.

Doug Ford a dévoilé ces détails en compagnie de son ministre des Finances. C'est lui qui a déclaré, vendredi dernier, que l'ampleur du déficit était plus grande que prévu après qu'une commission indépendante eut révisé les chiffres en appliquant les pratiques comptables du vérificateur général.

« Vic, vous avez aidé à braquer les projecteurs sur le plus grand scandale du gouvernement depuis une génération », a lancé le premier ministre.

Doug Ford n'a répondu à aucune question sur ses plans concernant cet éventuel comité parlementaire, qui vient s'ajouter à la commission indépendante et à une vérification ligne par ligne des dépenses du gouvernement qui devrait être terminée dans les prochaines semaines.

Kathleen Wynne se défend

Le premier ministre a préféré critiquer à répétition sa prédécesseure, l'ex-première ministre libérale Kathleen Wynne.

« Nous n'allons pas permettre à Kathleen Wynne et à ses acolytes d'échapper à ce scandale de 15 milliards de dollars parce qu'on ne peut pas laisser une telle chose se produire à nouveau », a-t-il martelé.

Mme Wynne, qui est toujours membre de l'Assemblée législative, a répliqué que Doug Ford utilisait sa commission d'enquête et maintenant ce comité restreint pour justifier les coupes qu'il s'apprête à imposer dans les services publics. Elle a défendu son bilan en tant que première ministre et la tenue de livres de son gouvernement.

« Il crée ce contexte pour imposer des compressions, a-t-elle commenté. Mais il le fait de manière particulièrement virulente, personnelle et, je crois, trompeuse. »

Les libéraux étaient en désaccord avec les pratiques comptables du vérificateur général appliquées à deux régimes de retraite et à son plan pour des frais d'électricité équitables. Ce qui explique, selon l'organisme de surveillance fiscale, que la province a pu réduire son déficit déclaré de plusieurs milliards.

Le comité spécial va enquêter sur les pratiques comptables, le processus décisionnel et les objectifs politiques des libéraux. Il sera composé de six membres du gouvernement et de trois députés néo-démocrates.