Des Québécois prêts à parrainer des réfugiés syriens craignent que la réouverture du programme lundi matin à Montréal ne provoque des scènes chaotiques.

« Les groupes de parrains m'appellent, ils sont paniqués. Il y en a qui vont aller dormir là à partir du samedi soir [hier] pour être certains d'être parmi les premiers à déposer leurs dossiers », explique Sylvain Thibault, coordonnateur du volet parrainage de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

À partir de 8 h 30, demain matin, le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion du Québec (MIDI) acceptera d'étudier 750 dossiers de parrainage. Sur ces dossiers, 450 concernent des dossiers pour des personnes devant s'établir dans la région de Montréal, et à peine 100 pourront être déposés par des particuliers qui souhaitent parrainer un « groupe de 2 à 5 personnes physiques ».

Depuis 18 mois, le programme était sur la glace en raison de son énorme succès et du retard accumulé dans le traitement des dossiers.

Catherine Bellazzi, une Montréalaise qui a déposé voilà 20 mois une demande de parrainage d'une famille de réfugiés syriens actuellement en Jordanie, aide en ce moment des amis qui veulent faire la même chose.

« On ne sait pas comment ça va se passer [demain], explique-t-elle. Cent dossiers, ça peut se remplir vite, surtout que le programme est fermé depuis presque deux ans. J'ai l'impression que ça va être la cohue. »

Elle compte se rendre aux locaux du Ministère, rue Notre-Dame, cette nuit, pour prendre la mesure de l'intérêt. « On ne veut pas rater notre coup, c'est certain. »

Sylvain Thibault note que le Ministère n'acceptera pas les dossiers remis en mains propres demain matin : les documents doivent obligatoirement être livrés par un service de messagerie. Certaines personnes vont appeler un messager avant l'ouverture des portes, afin de se conformer à cette exigence.

« Je sais qu'il y a des gens qui vont dépenser des centaines de dollars là-dessus, dit-il. Le parrain s'investit du pouvoir de sortir les réfugiés de la misère. Ne pas réussir à déposer le dossier à temps peut, chez certains, faire naître un sentiment de culpabilité. C'est pour cela que j'ai invité les parrains à faire part des contraintes à leurs parrainés. À l'impossible nul n'est tenu. »

4400 RÉFUGIÉS PARRAINÉS

Le Québec a une cible de 4400 réfugiés parrainés par année. « C'est une cible relativement basse qui pourrait être relevée à 6000 ou 6500 personnes, note M. Thibault. Ça pourrait permettre de régler l'accumulation des dossiers. »

Avant 2015, moins de 500 personnes par année profitaient du système de parrainage. « Or, depuis 2015, la population du Québec a répondu à l'appel du premier ministre Couillard, qui a lui-même parrainé une famille. Peut-être que le gouvernement avait sous-estimé la réponse des Québécois. »

Émilie Vézina, porte-parole du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion (MIDI), note que le Ministère « est prêt » pour la présentation d'un volume important de nouvelles demandes de parrainage à compter du 17 septembre.

« Pour assurer le bon déroulement, le Ministère a donné un ensemble de consignes aux organismes et toute l'information se retrouve également sur notre site web, dit-elle. De plus, le Ministère a participé à plusieurs rencontres avec les organismes afin de les informer des procédures à suivre et des nouvelles règles de réception, dont les plafonds [nombres maximaux de demandes] que chacune des catégories de garant peut présenter. »