Le Canada est «à la traîne» dans la lutte contre le blanchiment d'argent en raison d'une législation trop laxiste sur l'enregistrement des entreprises étrangères, dénonce un rapport de l'institut C.D. Howe publié jeudi.

«On scrute plus les particuliers qui demandent une carte de bibliothèque que ceux qui ouvrent une société au Canada», relève l'auteur du rapport, Denis Meunier.

Le rapport montre du doigt les règles fédérales peu strictes régissant l'inscription des sociétés au Canada, et notamment les procédures visant à identifier les véritables responsables et bénéficiaires de ces sociétés.

Ces dernières peuvent choisir de s'enregistrer dans la province canadienne la moins exigeante en matière de divulgation d'informations, permettant aux entreprises véreuses de masquer l'identité de leur propriétaire et d'injecter de l'argent sale dans le système financier canadien, selon M. Meunier.

Le rapport préconise la création d'un registre centralisé et public contenant des informations sur les véritables propriétaires des sociétés installées au Canada, à l'image de ce qui se fait en Europe.

Ottawa et les provinces canadiennes doivent par ailleurs harmoniser leurs réglementations pour que ce registre soit un outil unique pour tout le pays, suggère le document de l'influent centre de recherches.

«Le Canada devrait être proactif, stratégique, et il devrait faire tout son possible pour s'aligner sur les nouvelles normes européennes en créant un registre central, public», listant les véritables propriétaires des sociétés, poursuit le rapport.

La Norvège, le Danemark, l'Ukraine et le Royaume-Uni ont déjà mis en place de tels registres et devraient être suivis par tous les autres pays de l'Union européenne dans les prochaines années, selon le document.

D'après les estimations officielles, entre 5 et 100 milliards $ canadiens (3,2 à 65,5 milliards d'euros) provenant de différents trafics illégaux sont blanchis chaque année au Canada.

En juillet dernier, les organismes fiscaux de cinq pays, dont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé la création d'un groupe conjoint de coopération et d'échange de données pour lutter contre l'évasion fiscale et le blanchiment d'argent à l'échelle internationale et transnationale.