Statistiquement, les noyades au Québec impliquent majoritairement des victimes masculines d'âge adulte, elles se produisent le plus fréquemment sur un plan d'eau naturel lors d'une belle fin de semaine de juillet. Des données qui rappellent à quel point il est important de porter un vêtement de flottaison et particulièrement pour les pêcheurs.

D'après les données de l'édition 2018 du rapport du Centre canadien de recherche sur la prévention de la noyade, entre 2011 et 2015, les hommes ont représenté 83 % des victimes.

Dans 69 % des cas de noyade, le drame se produit dans une rivière, sur un lac ou sur un étang. Des drames qui auraient probablement pu être évités puisque huit fois sur dix, les victimes ne portaient pas de vêtement de flottaison individuel (VFI).

En rassemblant les pêcheurs, les passagers de petites embarcations à moteur et les canoteurs, on regroupe 30 % - soit près du tiers - de toutes les victimes de noyade au Québec.

À titre comparatif, ce sont seulement 8 % des cas de noyades qui ont lieu dans une piscine privée ou publique.

Martin Savard, coordonnateur à Sécurité nature, la branche éducative de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, soutient qu'il s'agit d'abord d'une question de bonnes habitudes à adopter.

« Ceux qui ne portent pas leur VFI, c'est que l'habitude n'a jamais été prise », note-t-il en insistant sur l'importance de toujours prévoir toutes les éventualités lorsqu'on est sur l'eau.

Si la loi exige que chaque embarcation contienne un VFI de la bonne taille pour chaque passager, ceux-ci n'ont toutefois pas l'obligation de la porter. Ce que déplore Serge Danis, président de la pourvoirie du Domaine Shannon, située à l'est de la Réserve faunique de La Vérendrye.

« Je pense que ça devrait être une obligation de le porter en tout temps », estime M. Danis qui sensibilise tous ses clients à la sécurité nautique. « Quand on leur donne une veste, on leur dit que c'est pour la porter », insiste celui qui se réjouit de n'avoir jamais vécu de drame sur son plan d'eau.

Lui-même a déjà vécu une expérience qui lui a fait réaliser les dangers de la navigation. « À l'âge de 16 ans, je me suis fait prendre dans le vent et je ne l'avais pas. Depuis ce temps-là, je l'ai toujours portée, même arrêté. Il ne m'est rien arrivé, le bateau n'a pas versé, mais la température était très mauvaise », témoigne le vétéran de la pêche.

D'après Serge Danis, les gestionnaires de pourvoiries sont parmi les meilleurs ambassadeurs de la sécurité sur l'eau pour une raison bien simple. « Il n'y a personne qui veut passer à la télévision parce qu'il y a eu une noyade chez eux dans son commerce », reconnaît-il.

Selon Martin Savard, certaines circonstances peuvent amener les gens à retirer leur veste, notamment lorsqu'ils entrent à l'intérieur de leur voilier ou lorsqu'ils veulent se faire dorer au soleil. Il insiste cependant sur le fait qu'il peut être très difficile d'enfiler sa veste au moment d'un accident.

« Au Québec, l'eau est toujours froide, même en été. Donc, lorsqu'on se retrouve dans l'eau et qu'on n'a pas quelqu'un pour nous donner de l'aide immédiatement, on peut tomber en hypothermie », prévient le formateur en sécurité en nature.

Les agents de la faune, qui côtoient régulièrement les pêcheurs sur les plans d'eau du Québec, n'ont pas le mandat de faire respecter les règles de sécurité nautique, mais font régulièrement de la sensibilisation.

« À titre préventif, les agents n'hésitent pas à rappeler les mesures de sécurité. Leurs interventions sont d'ailleurs assez bien accueillies de manière générale par les pêcheurs », assure le porte-parole du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs Sylvain Carrier.