Québec s'attend à recevoir jusqu'à 245 millions d'Ottawa à la suite des inondations du printemps 2017, a appris La Presse. En raison de l'ampleur des dommages, le gouvernement fédéral a accepté de couvrir une partie des 376,6 millions que la catastrophe pourrait coûter à la province.

En août 2017, le ministre de la Sécurité publique du Québec, Martin Coiteux, a écrit à son homologue fédéral, Ralph Goodale, au sujet des inondations survenues au printemps. Il lui a souligné que la catastrophe risquait de coûter cher à la province. À l'époque, son ministère évaluait à un peu plus de 400 millions la facture, estimation qui a été révisée à la baisse depuis.

Un an après les crues historiques, Ralph Goodale a répondu positivement à la demande du Québec, révèle une lettre obtenue par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le ministre Goodale indique qu'Ottawa a déclaré les inondations printanières « comme un sujet de préoccupation pour le gouvernement fédéral et a décidé d'autoriser une aide financière pour cet événement ». Le décret fédéral couvre les coûts liés aux inondations survenues entre le 5 avril et le 2 juin 2017.

La réponse positive était également accompagnée d'un chèque. Ottawa a accepté de faire un versement anticipé de 125 millions. 

« Cette aide contribuera au paiement des coûts d'intervention et de récupération, y compris les coûts de reconstruction admissibles dans les communautés touchées  », explique Karine Martel, porte-parole de Sécurité publique Canada.  

Québec s'attend toutefois à ce que l'aide fédérale soit plus importante encore. Sur les 376,6 millions qu'auraient coûté les inondations, le ministère de la Sécurité publique du Québec évalue qu'environ 329 millions seraient admissibles aux Accords d'aide financière en cas de catastrophe, un programme fédéral-provincial qui prévoit le partage des coûts pour ce genre d'événement.

En vertu des règles en vigueur en 2017, Ottawa pourrait ainsi éponger jusqu'aux trois quarts de cette somme, ce qui porterait à 245 millions l'aide fédérale, selon Denis Landry, directeur du rétablissement du ministère de la Sécurité publique.

On risque toutefois d'attendre encore longtemps avant de connaître la somme finale, les provinces ayant cinq ans pour demander le versement final. Alors qu'il évalue que les inondations allaient coûter 376,6 millions, le Québec n'a dépensé que 227,2 millions, précise Denis Landry.

Certains ministères doivent encore réaliser des travaux correctifs, comme Transports Québec qui n'a pas encore terminé toutes les réparations jugées nécessaires à la suite des inondations.

L'indemnisation des sinistrés, qui pourrait frôler les 300 millions, n'est pas encore terminée, une partie d'entre eux n'ayant pas fini leurs travaux de reconstruction. En fait, seulement 38 % des 6157 réclamations reçues à la suite des inondations sont closes. Reste que le gros des sommes a déjà été distribué, 91 % des demandeurs ayant reçu entre 75 % et 90 % de la somme réclamée.

Ces délais pour obtenir l'aide fédérale ne sont pas anormaux, assure M. Landry. D'ailleurs, c'est seulement en mars dernier qu'Ottawa a envoyé un chèque de 99 millions à l'Ontario pour couvrir le coût des dommages d'une tempête de verglas survenue en décembre 2013.

Ce n'est également pas la première fois que le Québec fait appel à ce programme. Des sommes ont été réclamées en 2011 et en 2014 à la suite d'inondations. Cette aide attendue de 245 millions serait toutefois la plus importante versée par le fédéral à la province depuis les inondations au Saguenay en 1996.

- Avec William Leclerc, La Presse