L'agence fédérale responsable des politiques en matière de transport doit moderniser ses exigences par rapport à la formation et les compétences des employés ferroviaires, a réitéré mercredi le Bureau de la sécurité des transports (BST).

Le BST dit réclamer cette mise à jour depuis une quinzaine d'années, mais une récente enquête sur un train parti à la dérive à proximité de Toronto, en 2016, l'a incité à exercer une plus grande pression sur Transports Canada.

Les normes quant à l'encadrement du personnel ne sont plus en phase avec les opérations ferroviaires, signale Faye Ackermans, membre du BST.

Certains employés n'ont donc pas la formation ou l'expérience nécessaire pour accomplir leurs tâches de manière sécuritaire, relève-t-elle.

Transports Canada dit se pencher sur la demande du BST, tout en soutenant que cette modernisation était déjà dans sa ligne de mire.

Mme Ackermans martèle que la révision du Règlement sur les normes de compétence des employés ferroviaires a déjà trop tardé, citant en exemple l'incident survenu au triage MacMillan en juin 2016.

Deux employés y assemblaient un convoi composé de deux locomotives et 74 wagons, dont une contenant un liquide inflammable. Ils ont obtenu l'autorisation de déplacer les wagons vers une légère pente, mais ils ont mal saisi les instructions quant au type de freins à utiliser. Le train est donc parti à la dérive sur une distance de près de cinq kilomètres avant de s'arrêter par lui-même sans causer de dommage.

Mme Ackermans souligne que les deux chefs de train impliqués étaient compétents et comptaient deux ans d'expérience dans ce triage, mais qu'ils n'avaient pas l'habitude de réaliser un tel déplacement.

Les normes de Transports Canada, entrées en vigueur en 1987, n'ont pas été adaptées aux nouvelles pratiques et technologies de l'industrie ferroviaire, insiste-t-elle.

Les employés impliqués dans l'incident du triage MacMillan avaient par exemple eu recours à un système de télécommande de locomotives plutôt répandu, mais qui n'était pas utilisé au moment de l'élaboration des normes, illustre-t-elle.

Autre discordance: les mécaniciens de locomotive sont les seuls employés devant se soumettre à une formation périodique de conduite, même si leur présence n'est plus requise pour former et déplacer des convois.

« Tant et aussi longtemps que ces écarts persistent dans les réglementations, Transports Canada ne pourra pas corriger le problème », prévient Mme Ackermans.

Les mouvements de train non contrôlés se sont faits de plus en plus fréquents depuis cinq ans, s'alarme-t-elle.

Le cas le plus notoire de train à la dérive est la tragédie survenue en 2013 à Lac-Mégantic. Un train transportant du pétrole brut avait alors déraillé et fait 47 morts, en plus de mettre à feu le coeur de cette petite ville d'Estrie.