La commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a transmis les excuses de son organisation aux familles des femmes autochtones disparues ou assassinées, lundi, et a promis de travailler à améliorer les relations entre le corps de police et les communautés des Premières Nations.

Lors de son témoignage à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, la commissaire de la GRC Brenda Lucki s'est excusée aux familles pour toute la douleur qu'elles ont ressentie après le décès ou la disparition de leurs proches.

Elle s'est aussi dite désolée que la GRC n'ait pas été à la hauteur pendant «cette période horrible de (leur) vie».

La GRC aurait pu faire mieux et elle fera mieux à l'avenir, a-t-elle assuré.

Depuis le lancement de la commission d'enquête il y a plus d'un an, plusieurs personnes ont accusé la police de ne pas avoir assez pris au sérieux les disparitions des femmes autochtones. Les victimes étaient fréquemment considérées comme des travailleuses du sexe ou des toxicomanes, et laissées en plan.

Brenda Lucki a déclaré que la GRC avait modifié la formation de ses cadets pour y inclure plus de matière sur les Autochtones.

Dans l'un des modules qui a été ajouté, il y a un scénario impliquant une jeune femme autochtone de 18 ans, dont le profil a été construit à partir de ce qui a été entendu à la commission.

Mme Lucki veut que les cadets soient exposés à ces situations.

«Étant donné certaines choses qui sont sorties des témoignages, il est important qu'ils reconnaissent la sensibilité culturelle de ces enquêtes, et l'importance de savoir à quoi s'attendre avec ces enquêtes», a-t-elle expliqué.

Les futurs membres de la GRC sont aussi confrontés à un exercice dans lequel ils sont amenés à mieux comprendre les enjeux autochtones.

Ce programme a été instauré dans les quatre à six derniers mois et Mme Lucki a participé au premier exercice.

Heather Bear, vice-chef de la Fédération des nations autochtones souveraines, croit que la GRC devrait surveiller si le nouveau programme change le comportement de ses agents.

Il faudra du temps pour observer une différence, a-t-elle souligné, ajoutant qu'elle recevait encore des appels de femmes autochtones qui disent avoir subi des violences policières.

«En ayant cette formation et cette sensibilisation, pour nos gens, l'évaluation viendra quand le harcèlement va cesser. C'est là que nous saurons que c'est un succès», a-t-elle soutenu.

«Aujourd'hui, ce sont des mots et des tentatives, alors je crois qu'on surveillera l'épreuve du temps.»

Lors de son contre-interrogatoire, Brenda Lucki a dit que deux agents s'étaient engagés dans un processus de justice réparatrice en consultation avec les communautés autochtones après la parution d'un message raciste sur Facebook relativement à l'affaire Colten Boushie.

Colten Boushie, un Autochtone, a été abattu par Gerald Stanley en Saskatchewan en 2016. M. Stanley a été acquitté d'une accusation de meurtre non prémédité.

Mme Lucki a ajouté que la GRC devait travailler à améliorer son lien de confiance avec les communautés qu'elle sert, et que pour ce faire, elle doit se montrer plus inclusive et tolérante.

«Allons-nous éliminer le racisme? Je ne sais pas si nous y arriverons. Mais nous pouvons prendre en compte (les événements), nous assurer qu'ils ne se reproduisent pas et les utiliser comme exemples», a-t-elle conclu.

Marion Buller, la commissaire en chef de la commission, estime que les excuses de Mme Lucki sont sincères.

«Je crois que c'est certainement un bon début. Les preuves se feront sur le terrain», a-t-elle déclaré.

Brenda Lucki dirige la Gendarmerie royale du Canada depuis le mois d'avril. Elle est la première femme à assumer ces fonctions.