Le général Jonathan Vance a tenté d'organiser une rencontre «discrète» avec son vice-amiral suspendu Mark Norman pour discuter de l'avenir quelques semaines avant que ce dernier ne soit arrêté par la GRC, apprend-on dans des courriels obtenus grâce à la loi d'accès à l'information.

Mark Norman semblait d'abord intéressé par l'idée de rencontrer l'officier en chef de la défense canadienne en février, mais le tête-à-tête n'a jamais eu lieu et la suite de l'échange de courriels suggère que c'est le vice-amiral qui s'est désisté.

La correspondance entre les deux plus hauts gradés des Forces armées canadiennes a été obtenue par la loi d'accès à l'information et ces informations surgissent alors qu'on s'attend à ce que Mark Norman soit démis de son second rang de la hiérarchie de façon permanente.

Nommé vice-chef de la défense en août 2016, Mark Norman a été suspendu cinq mois plus tard et finalement accusé en mars dernier d'abus de confiance pour avoir supposément coulé des informations confidentielles au chantier maritime Davie.

L'officier d'expérience de la marine a nié toutes les accusations d'actes répréhensibles et a dit vouloir se défendre en cour.

De nombreux autres officiers d'expérience ont occupé à tour de rôle l'intérim en tant que vice-chef de la défense pendant l'absence de Mark Norman. Une pratique qui a soulevé des critiques sur son possible impact à long terme.

Le lieutenant-général Paul Wynnyk a été promu troisième vice-chef par intérim depuis la suspension de Mark Norman, mais il semble pressenti pour occuper le rôle de façon permanente dès cet été.

Le général Jonathan Vance, qui a maintenu une correspondance régulière par courriel avec Mark Norman depuis sa suspension, a abordé la possibilité d'une rencontre le 28 janvier, alors qu'il se préparait pour un voyage au Japon.

«J'aimerais qu'on puisse s'asseoir ensemble à mon retour», écrit M. Vance qui précise vouloir faire le point et discuter d'avenir.

Le chef de l'armée ajoute que son équipe va organiser une rencontre «discrète et honorable».

Les deux hommes ont par la suite convenu de se voir le 12 février, vers 19 heures après le départ de la majorité des employés.

Il semble cependant que le tête-à-tête n'a jamais eu lieu, bien que le général Vance offrait son aide à son second.

Les raisons qui expliquent l'annulation de la rencontre ne sont pas claires dans les échanges de courriels.

Deux jours avant le rendez-vous, Mark Norman a écrit un message à Jonathan Vance qui a été caviardé en grande partie par la Défense nationale. Même chose pour la réponse du général Vance.

Un autre courriel transmis quelques semaines plus tard confirme que la réunion n'a pas eu lieu.

Jonathan Vance a refusé de commenter le dossier, alors que l'avocate de Mark Norman n'a pas répondu aux demandes d'entrevues.

La GRC reproche à Mark Norman, alors qu'il était commandant de la marine, d'avoir aidé la Davie à mettre de la pression sur le gouvernement pour qu'il honore un contrat accordé par le gouvernement précédent.

Au moment de l'élection des libéraux en novembre 2015, le gouvernement libéral a remis en question un contrat de 700 millions attribué au chantier de la Davie.

Ce contrat consistait en la transformation d'un navire civil, le MV Astérix, en un vaisseau de ravitaillement temporaire.

Alors que le projet de revoir le contrat devait demeurer secret, des documents de cour dévoilés l'an dernier indiquent que la GRC suspecte Mark Norman d'en avoir fait part à la Davie.

Aucune de ces accusations n'ont été prouvées en cour.

Les libéraux ont finalement pris la décision d'aller de l'avant avec le projet initial et le MV Astérix est utilisé par la marine.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le vice-amiral suspendu Mark Norman