Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies presse le Canada d'en faire davantage pour améliorer le sort des Autochtones, en particulier celui des femmes et des filles.

La situation des droits de la personne au Canada est examinée cette semaine au Conseil des droits de l'homme de l'ONU dans le cadre du troisième Examen périodique universel des États membres. La délégation canadienne était conduite vendredi à Genève par la ministre de la Justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould.

La ministre a indiqué qu'elle avait «très bien entendu» le message du Conseil, notamment sur l'importance de soutenir l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, et de régler le problème de la surreprésentation des femmes autochtones dans les pénitenciers canadiens.

«Nous savons que c'est un défi et qu'il faut le relever», a déclaré Mme Wilson-Raybould en entrevue téléphonique depuis Genève vendredi

Dans le cadre de l'Examen périodique universel, instauré pour la première fois en 2008, le Conseil des droits de l'homme se penche sur le bilan de tous les pays membres de l'ONU au chapitre des droits de la personne.

Le Canada avait déjà été l'objet d'un Examen périodique universel en 2009 et en 2013, sous un régime conservateur; c'est la première fois cette année que la délégation canadienne est conduite à Genève par un membre du cabinet.

Jody Wilson-Raybould a dit apprécier les commentaires et a reconnu que, si le Canada avait fait des progrès, beaucoup de travail restait à faire.

Le gouvernement fédéral n'a toujours pas décidé s'il prolongerait de deux ans l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, comme les commissaires l'ont demandé en mars.

La ministre a précisé que la décision serait connue «prochainement».

«Nous allons nous assurer que les survivantes et les proches soient entendus par la commission et que cette dernière exécute ses travaux de manière à ce que ces voix soient entendues, que les expériences de vie des femmes autochtones soient commémorées et que le problème soit éradiqué à sa source», a-t-elle affirmé.

Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'homme, Mme Wilson-Raybould a souligné que son gouvernement avait lancé l'Enquête nationale, travaillé pour éliminer les problèmes d'eau potable dans les communautés des Premières nations et signifié son intention d'adopter les 94 recommandations de la Commission de vérité et réconciliation.

Elle a aussi révélé que le gouvernement prévoyait collaborer avec les Premières nations, les Inuits et les Métis afin d'élaborer un cadre de travail pour la reconnaissance de leurs droits, un projet que la ministre a présenté comme s'appuyant sur les efforts de réconciliation entre Ottawa et les Autochtones.

Jody Wilson-Raybould a ajouté qu'elle comptait réviser le Code criminel et que son gouvernement rédigeait une nouvelle loi sur l'équité salariale. Elle a rappelé au Conseil que Justin Trudeau s'était excusé auprès des communautés LGBTQ pour les préjudices subis par ses membres en raison d'anciennes législations fédérales.

L'Examen a toutefois confirmé que le Canada manquait encore à ses devoirs envers «des millions de Canadiens en les privant d'une chance égale de réussir et de s'épanouir», a réagi Marie-Claude Landry, la présidente de la Commission canadienne des droits de la personne.

«Les recommandations contenues dans ce troisième examen périodique universel ne sont une surprise pour personne, a-t-elle affirmé dans un communiqué. Pour la plupart, ce sont sensiblement les mêmes qui avaient été présentées au Canada en 2013. Toutefois, malgré les efforts déployés à tous les niveaux du gouvernement, force nous est de constater que le Canada a de la difficulté à faire face aux questions urgentes de droits de la personne.»

Mme Landry a cependant reconnu que le gouvernement Trudeau avait remis les droits de la personne à l'ordre du jour politique et accordé la priorité notamment à l'égalité des femmes, à la protection des personnes sans-abri et aux droits des communautés LGBTQ.

La ministre Wilson-Raybould a admis que le Canada n'était pas «parfait» et qu'il pouvait faire mieux.

«Entendre l'avis de nos pairs est une occasion de recevoir des recommandations et de faire ce que nous pouvons pour améliorer la situation», a-t-elle conclu.