La femme ayant élevé une adolescente retrouvée morte dans une rivière après qu'elle fut retournée dans la rue à maintes reprises réclame des changements à la protection de l'enfance au Manitoba pour réduire le fléau de fugueuses se retrouvant en grand danger.

Les jeunes qui prennent la fuite constamment en étant sous la protection du gouvernement sont devenus un problème récurrent en raison de ressources provinciales limitées et de strictes limitations en vertu de la loi fédérale.

Tina Fontaine, victime d'exploitation sexuelle, s'est enfuie à répétition des refuges et des hôtels où la plaçaient les travailleurs sociaux dans les semaines ayant précédé sa mort en août 2014. Elle a été vue pour la dernière fois quittant un hôtel où elle était hébergée.

Son corps, enveloppé d'une housse de couette dans laquelle des roches avaient été insérées pour l'alourdir, a été trouvé dans la rivière Rouge après qu'elle eut écarté les appels d'une travailleuse sociale à demeurer dans l'hébergement pour la nuit.

«Je ne sais pas ce qu'on peut faire de plus pour garder une enfant comme Tina (en sécurité) - et il y a tant d'autres Tina qui continuent de fuir», a affirmé Thelma Favel, la grand-tante de Tina Fontaine l'ayant élevée dans la communauté de la Première Nation Sagkeeng.

«Je voudrais qu'ils soient en mesure de faire quelque chose pour les garder en sécurité - peut-être un hébergement d'où il serait interdit de partir, pour un certain temps à tout le moins, simplement pour obtenir certains conseils pour leur montrer ce qui pourrait leur arriver (dans la rue)», a-t-elle fait valoir.

La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents empêche la détention de mineurs comme moyen de les protéger. Les jeunes peuvent être maintenus contre leur gré pour quelques jours dans des installations traitant les dépendances graves aux drogues ou les crises extrêmes de santé mentale, mais garder sans liberté de mouvement des enfants dans une famille d'accueil ou une maison d'accueil est interdit.

Au Manitoba, il y a des foyers de groupe à «sécurité moyenne» qui comptent des services importants de surveillance et de formation, mais l'objectif est une transition rapide vers la liberté.

La militante de la protection de l'enfance au Manitoba Daphne Penrose fait valoir le besoin de foyers à sécurité élevée dans certains cas.

«Je crois qu'il doit y avoir un endroit pour les enfants qui sont exploités et qui font l'objet de dangers imminents (dans la rue), ces enfants ont besoin d'aide jusqu'à ce qu'ils puissent prendre eux-mêmes des décisions sécuritaires», a-t-elle expliqué.

Mme Penrose, dont le bureau enquête sur les services fournis à Tina Fontaine, souligne que les enfants qui prennent la fuite ne le font souvent pas volontairement.

«Vous êtes face à des enfants qui souvent doivent de l'argent à des gens ou font l'objet de menaces pour retourner travailler sur le terrain... ou leurs proxénètes les font travailler», a-t-elle indiqué.

Mme Penrose soutient que les soins contre les dépendances et l'aide en santé mentale doivent être améliorés et qu'il y a nécessité de contrer l'exploitation des enfants.