Le ministère de la Justice de la Saskatchewan a admis lundi s'être trompé au sujet de l'une des victimes de l'accident impliquant l'équipe de hockey des Broncos de Humboldt.

Selon le ministère, le joueur Xavier Labelle, identifié comme l'une des victimes décédées, est toujours en vie, mais blessé.

Une erreur d'identification est survenue et la victime décédée est plutôt Parker Tobin, le gardien de but de l'équipe âgé de 18 ans.

La ressemblance physique entre les deux joueurs serait à l'origine de la méprise des autorités.

«C'était une erreur d'identification et Xavier n'est pas décédé», peut-on lire dans un communiqué publié par le bureau du coroner, qui offre ses excuses pour cette méprise.

«Nos condoléances à la famille de Parker Tobin. Malheureusement, Parker est l'une des 15 personnes qui ont perdu la vie dans cette terrible tragédie. Parker a été mal identifié et l'on croyait qu'il avait survécu», est-il écrit.

Un porte-parole du ministère de la Justice de Saskatchewan, Drew Wilby, a précisé que la confusion serait attribuable en partie au fait que tous les joueurs de l'équipe se sont teint les cheveux en blond et qu'ils ont sensiblement le même gabarit physique.

Drew Wilby soutient que l'expertise odontologique est la meilleure façon d'identifier un corps, mais que la procédure peut prendre des jours, d'autant plus que ces jeunes hockeyeurs proviennent de différentes provinces de l'ouest du Canada.

La procédure a été suivie

Selon M. Wilby, le bureau du coroner a suivi la procédure habituelle pour identifier les victimes, mais la démarche s'est avérée difficile puisque les joueurs avaient teint leurs cheveux en vue des séries éliminatoires, qu'ils avaient tous sensiblement le même âge et qu'ils avaient tous des corps athlétiques semblables.

Le porte-parole affirme qu'une telle erreur est sans précédent dans l'histoire de la Saskatchewan et que les familles concernées se sont montrées compréhensives.

Au cours de la fin de semaine, les parents de Parker Tobin avaient affirmé sur Twitter que leur fils était toujours en vie.

«C'est l'une des publications les plus difficiles que j'ai eu à faire. Parker est dans un état stable pour le moment et il est transféré par avion vers l'hôpital de Saskatoon», avait écrit Rhonda Clarke, la mère de Parker Tobin.

De l'autre côté, la famille de Xavier Labelle avait confirmé sa mort par une publication de son frère, qui se disait dévasté sur son compte Instagram. Ils ont appris lundi matin qu'il était toujours en vie.

Quatre blessés dans un état critique

Vendredi, l'autocar transportant l'équipe de hockey junior des Broncos de Humboldt a été impliqué dans un accident avec un camion lourd. La collision a fait 15 morts et 14 blessés.

Douze survivants de l'accident étaient toujours à l'hôpital, lundi, et quatre d'entre eux étaient dans un état critique.

De plus, quatre blessés sont dans un état grave, tandis que quatre autres sont stables, selon l'autorité de santé de la Saskatchewan.

Nick Shumlanski a été le premier des blessés à quitter l'hôpital. Il a envoyé un communiqué dimanche soir afin de remercier les gens pour leur soutien. Il a dit que c'était un miracle qu'il puisse s'être sorti de cet accident avec des blessures mineures.

Dimanche soir, une cérémonie a été organisée en hommage aux victimes, à laquelle ont assisté des milliers de personnes à l'aréna d'Humboldt.

Les erreurs d'identification de victimes sont rares, selon un coroner

Coroner permanent au bureau de Montréal, le Dr Jean Brochu explique que l'identification des victimes est « habituellement très facile », mais que parfois, la démarche peut s'avérer très complexe.

Selon lui, les erreurs d'identification comme celle qui s'est produite dans la tragédie de Humboldt, en Saskatchewan, demeurent très rares et « idéalement, il ne faut pas que ça arrive », ajoute-t-il.

Le Dr Jean Brochu s'étonne d'autant plus de la confusion puisque le drame implique une liste de victimes bien connues et bien identifiées.

« Les joueurs de l'équipe, les entraîneurs, les bénévoles, le chauffeur, on connaît toutes les personnes. Ça peut arriver que les gens se ressemblent ou on peut avoir mêlé des documents. Généralement quand on a une liste des gens connus c'est plus facile de faire l'identification », commente le Dr Brochu.

« Ce n'est pas un attentat dans un aéroport où vous avez des personnes qui gisent par terre et vous n'avez aucune idée qui c'est », ajoute-t-il.

Rappelons que le bureau du coroner de la Saskatchewan a reconnu, lundi matin, s'être trompé en annonçant le décès de Xavier Labelle, des Broncos de Humboldt. C'est plutôt Parker Tobin, 18 ans, qui fait partie des 15 victimes.

D'après un porte-parole du bureau du coroner de la Saskatchewan, la ressemblance physique entre les deux jeunes athlètes, sensiblement du même âge, qui se sont teint les cheveux en blond comme le reste de l'équipe, aurait en partie causé la méprise.

La pression extérieure de la couverture médiatique et de la communauté pressée de connaître l'identité des personnes décédées ou blessées aurait pu forcer les autorités à agir plus vite.

La communauté, les familles et les médias doivent s'armer de patience lors de telles tragédies. « Pour faire les choses comme il faut, les gens doivent comprendre qu'il faut avoir une certitude garantie », souligne le coroner. Une démarche qui peut parfois prendre du temps.

Lorsqu'il dit que l'identification des victimes est « habituellement très facile », c'est que dans 95 pour cent des cas, selon le Dr Brochu, ce sont des proches qui confirment l'identité de la personne par une reconnaissance visuelle.

« Si le visage est trop endommagé, on peut reconnaître la personne par un tatouage, une caractéristique physique et des papiers d'identité sur elle », poursuit-il.

Par contre, dans le cas où l'identification visuelle est impossible, le Dr Jean Brochu admet que l'enquête peut devenir « très, très difficile ».

« Quand il n'y a pas d'identification possible par les caractéristiques physiques ou le visage, l'identification préférable est par les empreintes digitales, mais il faut que la victime soit fichée quelque part. Après ça, il faut aller par expertise odontologique (les dents), mais il faut connaître qui est le dentiste », explique le coroner permanent du bureau de Montréal.

Il est aussi possible d'identifier une victime si elle porte une prothèse avec un numéro de série. Sinon, en dernier recours, le coroner peut demander une analyse ADN.

« L'ADN, on voit ça dans les films, mais au Canada en général et au Québec en particulier, c'est un test qui est long à obtenir. Il faut aussi avoir un comparatif, comme les enfants de la victime en étant sûr que c'est vraiment le père ou la mère biologique », mentionne le Dr Brochu.

- Par Ugo Giguère, La Presse canadienne