L'ancien conseiller municipal de Toronto, Doug Ford, est le nouveau leader du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario.

L'annonce de sa victoire est survenue après un retard de sept heures alors que la direction du parti a effectué un recomptage des voix.

Doug Ford devient donc le chef de l'opposition en Ontario et il sera à la tête des progressistes-conservateurs qui tenteront de déloger la première ministre libérale Kathleen Wynne lors d'élections générales qui se dérouleront dans trois mois.

Il a battu par une faible marge l'ex-députée Christine Elliott. L'avocate Caroline Mulroney et l'activiste Tanya Granic Allen ont suivi dans l'ordre.

Le nouveau chef remplacera Patrick Brown, qui a été contraint de démissionner à la suite d'allégations d'inconduite sexuelle.

Christine Elliott estime toutefois que le vote a été teinté d'irrégularités, et elle pourrait contester les résultats du scrutin.

La victoire de Doug Ford représente le point culminant d'une période tumultueuse de six semaines pour les conservateurs ontariens qui a commencé en fin de soirée le 24 janvier dernier.

Ce soir là, Patrick Brown, qui était largement favori pour battre les libéraux et les néo-démocrates selon les sondages, avait convoqué une conférence de presse pour nier des allégations d'inconduite sexuelle et il avait démissionné quelques heures plus tard, même s'il maintenait son innocence.

Ce brusque départ a levé le voile sur des problèmes dans la structure du parti, des problèmes dans son processus de nomination et a mis en évidence la divergence des opinions au sein des membres.

La course à la direction elle-même a également provoqué des querelles et forcé les instances du parti à prendre des décisions sur plusieurs fronts.

La tension a augmenté lorsque Patrick Brown, soucieux de réhabiliter son image, a annoncé qu'il était candidat à sa propre succession.

La façon dont il s'est conduit en tant que chef et son hypothétique réintégration au sein du parti ont provoqué des débats entre les candidats à sa succession.

Certains des rivaux de Patrick Brown ont dénoncé sa candidature. Carolyne Mulroney a même demandé à ce qu'il se retire de la course, ce qu'il a finalement fait, affirmant qu'il voulait protéger sa famille et ses amis.

Les quatre candidats ont aussi soulevé des questions sur de possibles adhésions frauduleuses au parti ainsi que sur des retards dans l'enregistrement de certains membres.

Le parti avait indiqué être au courant de ces problèmes et avait choisi de repousser trois fois la date butoir pour que les membres puissent s'inscrire au vote.

Doug Ford, Caroline Mulroney et Tanya Granic Allen ont demandé au parti de prolonger la course d'une semaine afin de permettre aux membres qui avaient reçu en retard certains documents de pouvoir voter, mais le comité organisateur des élections a déclaré que cela irait à l'encontre de la constitution du parti.

Doug Ford avait même déclaré que certains membres du parti, dont sa mère, étaient injustement exclus du processus électoral, car ils ne recevaient pas les documents nécessaires.

Quelques heures après la déclaration de Doug Ford, un avocat représentant un membre de la formation politique avait déposé une requête d'injonction réclamant une prolongation de la course afin que son client et d'autres membres puissent recevoir le numéro d'identification personnel nécessaire pour participer au vote en ligne.

La direction du parti avait fait valoir que retarder la course nuirait à ses chances aux prochaines élections, ajoutant que les quelque 64 000 personnes qui avaient voté avec succès représentaient un record absolu de participation électorale.

Le juge de la Cour supérieure, Todd Archibald, s'est finalement rangé du côté du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario, rejetant la demande de prolongation de la course qui avait déjà coûté 1,5 million de dollars.

Les retards de samedi ont également suscité les critiques.

Cristine de Clercy, professeur agrégé de sciences politiques à l'Université Western, a déclaré samedi que la performance laconique du parti était «un échec lamentable».

«C'était à peu près l'exercice de communication le plus mal géré que j'ai jamais vu à la télévision», a-t-elle dit.

«Ce parti est clairement très fracturé... la direction du parti se devait d'être parfaite lors de cette élection, elle n'avait pas la marge d'erreur qu'un parti peut avoir en temps normal».

«Malheureusement, les choses ont explosé aujourd'hui.» a-t-elle ajouté.