La présidente du comité du Sénat sur les droits de la personne estime que le Canada doit s'attaquer au racisme systémique envers les Noirs dans les prisons et aider les détenus à mieux réintégrer la société après leur libération.

La sénatrice Wanda Thomas Bernard, de la Nouvelle-Écosse, a expliqué que les audiences du comité avaient démontré la nécessité d'apporter des changements systémiques et structurels pour éviter que les ex-détenus aient de nouveaux problèmes avec la justice après leur sortie.

Dans le cadre d'une réunion spéciale visant à examiner l'expérience des femmes noires détenues, mercredi, les membres du Comité sénatorial permanent des droits de la personne ont entendu que l'obtention d'un pardon - appelé officiellement la «suspension du casier» - pour les crimes passés faciliterait les démarches d'emploi de certaines ex-prisonnières.

Les Noirs constituent 8,6% des personnes détenues dans les pénitenciers fédéraux, bien qu'ils ne représentent que 3% de la population canadienne totale.

Même si leur nombre a décliné en même temps que la population carcérale totale, le plus récent rapport de l'enquêteur correctionnel indiquait que les prisonniers noirs étaient plus susceptibles d'être placés dans des établissements à sécurité maximale ou en isolement, et qu'ils étaient impliqués de façon disproportionnée dans des incidents violents.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau avait appelé à l'action pour assurer des possibilités et un traitement égal pour les Canadiens noirs, qui représentent plus d'un million de personnes. La sénatrice Bernard a dit s'attendre à ce que le gouvernement donne suite à ce message.

Obtenir un pardon

«L'une des choses qui deviennent vraiment claires, c'est que des changements sont nécessaires à tous les niveaux», a déclaré Mme Bernard, mercredi.

«Des changements systémiques et structurels sont requis. (...) Nous devons prendre l'engagement (...) d'apporter des changements, et c'est ainsi que le changement surviendra.»

La majorité des femmes noires qui se trouvent dans les prisons canadiennes ont été condamnées pour des infractions liées aux drogues.

Natalie Charles, qui a déjà été l'une d'entre elles, a témoigné au Sénat mercredi pour parler de son expérience et de ses difficultés à progresser sur le marché du travail. Cette mère de deux enfants âgée de 39 ans a presque terminé sa formation de technicienne juridique, mais elle risque de ne pas pouvoir obtenir l'emploi qu'elle convoite dans un bureau gouvernemental parce qu'elle attend toujours un pardon pour sa condamnation survenue il y a près de 20 ans.

Bien qu'elle n'ait eu aucun problème avec la justice depuis plus de 15 ans, son casier judiciaire est devenu «un nuage» au-dessus de sa tête qui ne semble jamais vouloir partir, a-t-elle dit.

Mme Charles a estimé que le gouvernement devrait faciliter les demandes de pardon pour ceux qui se sont impliqués dans la communauté et qui cherchent du travail.