Après plusieurs mois d'étude, le gouvernement Trudeau opte pour le statu quo concernant la livraison du courrier au pays : Postes Canada va mettre fin de manière définitive à son programme de conversion de son service de livraison à domicile en services de boîtes postales communautaires. Mais les quelque 840 000 familles qui ont perdu leur service de livraison à domicile avant 2015 devront définitivement en faire leur deuil.

Cette décision, annoncée par la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Carla Qualtrough, à Mississauga, en banlieue de Toronto, risque de provoquer la colère des nombreuses familles qui ont cru, à tort ou à raison, que les libéraux de Justin Trudeau avaient promis de rétablir ce service durant la campagne électorale de 2015.

Les libéraux avaient entretenu leur espoir durant cette campagne en promettant de « sauver la livraison du courrier à domicile » après que le précédent gouvernement conservateur eut décidé d'y mettre fin afin de faire des économies dans la transition vers des boîtes postales communautaires.

Mais rétablir ce service coûterait 195 millions de dollars à Postes Canada et forcerait la société d'État à débourser 95 millions de dollars par année par la suite pour maintenir le service. Le tout au moment où la chute du volume de lettres, à l'heure de l'internet, réduit inexorablement sa marge de manoeuvre financière.

En tout, 5,2 millions de foyers devaient perdre le service de livraison à domicile afin de permettre à Postes Canada de réaliser, à terme, des économies annuelles 350 millions de dollars. En 2015, la société d'État a réalisé des profits de 99 millions de dollars. En 2016, ces profits avaient chuté à 81 millions de dollars.

Le gouvernement Trudeau demande tout de même à Postes Canada d'évaluer des mesures pour rendre plus accessible la livraison du courrier pour les personnes qui ont de la difficulté à se rendre à des boîtes communautaires, notamment les personnes handicapées et les personnes âgées.

« Le service aux Canadiens doit être au coeur des activités de Postes Canada. Notre gouvernement jette les bases du renouvellement à long terme de Postes Canada pour que les Canadiens d'un bout à l'autre du pays puissent continuer à communiquer entre eux. Ces bases du renouvellement seront essentielles pour faire de Postes Canada un organisme novateur capable de s'adapter rapidement aux nouvelles technologies et de répondre aux nouvelles attentes des Canadiens de façon durable », a affirmé la ministre Qualtrough.

Évidemment, Postes Canada pourra continuer à installer des boîtes postales dans les nouveaux quartiers. Bon an, mal an, Postes Canada doit livrer du courrier à environ 60 000 et 100 000 nouvelles adresses.

S'il opte pour le statu quo pour la livraison du courrier, le gouvernement Trudeau entend imposer à Postes Canada l'obligation d'investir ses profits à venir dans l'innovation et les services aux Canadiens. Pour ce faire, il devra apporter des modifications aux règles financières de gouvernance de la société d'État.

Le gouvernement demandera aussi à Postes Canada de faire la promotion de son service d'envoi d'argent, qui permet de transférer des fonds au pays et à l'étranger ; de profiter de la popularité de son service de livraison de colis, qui est porteur de croissance et de revenus (les livraisons de colis ont bondi de près de 39 pour cent pendant le troisième trimestre de 2017) ; et d'examiner comment d'autres pays ont utilisé la livraison la fin de semaine et les soutes à colis postaux pour mousser leurs revenus.

- Avec La Presse canadienne