L'industrie canadienne de la marijuana prend de l'expansion et des membres des Premières Nations comptent bien profiter de cette nouvelle manne économique.

Phil Fontaine, un politicien qui est maintenant à la tête d'une entreprise qui produit du cannabis thérapeutique, a passé la dernière année à sillonner le pays pour sensibiliser les membres des Premières Nations aux possibilités qu'offre ce nouveau secteur économique en forte croissance.

« À chaque endroit où nous avons été, nous avons eu la même réaction : de l'intérêt et de l'excitation. Lorsque des Premières Nations parlent de possibilités et de potentiel, c'est très encourageant », a fait valoir en entrevue à La Presse canadienne l'ancien chef national de l'Assemblée des Premières Nations.

Les entreprises de production de marijuana représentent un « potentiel énorme » pour les Premières Nations, en partie parce que les communautés peuvent s'investir dans ce domaine en même temps que le reste de la population, plutôt que de faire du rattrapage des années plus tard comme c'est souvent le cas, a mentionné M. Fontaine.

« C'est une opportunité unique. Ce secteur est différent de tous les autres que les communautés autochtones ont expérimentés dans le passé. Tout le monde est sur les blocs de départ en même temps », s'est-il enthousiasmé.

Phil Fontaine est le président-directeur général de Indigenous Roots, une compagnie qui produit de la marijuana thérapeutique par et pour les Premières Nations à travers le Canada.

La compagnie est en fait une coentreprise fondée avec Cronos Group, un producteur de cannabis médicinal homologué par Santé Canada. Lorsqu'Indigenous Roots commencera réellement ses opérations, les profits seront séparés à parts égales entre Cronos et les Premières Nations.

Bien que le cannabis récréatif devrait devenir légal l'été prochain au Canada, Indigenous Roots centrera ses activités sur la distribution de marijuana thérapeutique destinée aux Premières Nations. Phil Fontaine fait valoir que les autochtones ont plus de difficultés à se procurer cette drogue douce sous prescription que le reste de la population.

« Nous voulons nous assurer que ce service est accessible à toutes nos communautés à travers le pays », a-t-il dit.

Indigenous Roots prévoit construire une serre de production à proximité d'une installation de Cronos à Armstrong, en Colombie-Britannique, avec l'objectif de fournir des patients d'ici la fin de 2018, a expliqué en entrevue le président-directeur général de Cronos Mike Gorenstein.

Il a ajouté que les employés de Cronos formeront les membres des Premières Nations.

« À moyen et long terme, cette serre sera opérée par les Premières Nations », a-t-il soutenu. « Notre engagement est de nous assurer que tout le savoir que nous détenons et que nous continuons à acquérir, que nous le partagions et que nous soyons là pour les soutenir. »

Cette nouvelle installation devrait créer entre 30 et 50 emplois, sans compter les postes qui pourraient être créés en marketing, en ventes et en comptabilité, a fait valoir M. Gorenstein. D'autres serres pourraient s'ajouter par la suite.

Ce type de collaboration n'est toutefois pas unique au Canada. Une entreprise de production de cannabis située dans le nord de l'Ontario a également conclu un partenariat avec des communautés autochtones locales.

Quarante-neuf Premières Nations ont investi dans 48North Cannabis, leur permettant de détenir environ 20 pour cent de la compagnie, a expliqué la présidente-directrice générale Alison Gordon.

Elle mentionne également que l'entreprise s'est engagée à recruter des travailleurs parmi les communautés établies à proximité de ses installations de Kirkland Lake, ainsi qu'à financer des activités de sensibilisation aux dangers de l'alcool et la drogue.

La compagnie est toujours en attente d'une autorisation de Santé Canada avant de commencer la distribution du produit. 48North Cannabis pourrait également fournir le marché récréatif, révèle Mme Gordon.

Les Premières Nations prendront part aux décisions liées à la croissance de la compagnie, a-t-elle assuré.

« Cela fait partie de notre ADN. Nous voulons travailler avec nos partenaires autochtones pour choisir des produits qui seront importants pour leurs communautés, pour les aider à éduquer leurs communautés. »