Montréal a encore des croûtes à manger en matière de transport durable, selon les plus récentes données du recensement dévoilées mercredi. Moins de Montréalais utilisent le transport en commun, le covoiturage, la marche ou la bicyclette pour se rendre au travail comparativement aux Torontois et aux Vancouvérois, toutes proportions gardées.

Statistique Canada a comparé les déplacements des travailleurs dans les trois plus grandes villes au pays. La proportion de ceux qui utilisent l'une de ces formes de transport durable pour se rendre au travail dépasse le tiers de la population active à Montréal (38,1 %), mais elle ne rattrape pas Toronto (42,5 %) ou Vancouver (40,6 %).

Les Montréalais sont plus susceptibles que les Torontois d'enfourcher leur vélo, mais c'est à Vancouver que ce mode de transport est le plus populaire. Dans les trois grandes villes, le transport en commun demeure toutefois la façon privilégiée de se déplacer des travailleurs, suivi du covoiturage.

Ailleurs au Québec et en Ontario, la région métropolitaine d'Ottawa-Gatineau compte la proportion la plus élevée d'usagers des modes de transport durable (40 %) tandis que cette proportion était la plus faible à Saguenay (15,7 %). Cette ville affiche l'une des durées de déplacement moyennes en voiture les plus courtes - 17 minutes -, ce qui pourrait expliquer le peu d'engouement pour le transport en commun, le covoiturage, la marche ou la bicyclette.

De plus en plus de Canadiens vivent en milieu urbain, ce qui a gonflé le nombre de personnes qui doivent se déplacer dans les grandes villes pour aller travailler. Elles étaient 11,7 millions en 2016 comparativement à 8,6 millions 20 ans plus tôt. Les deux modes de transport affichant les taux de croissance les plus élevés sont la bicyclette (87,9 %) et le transport en commun (58,7 %).

Travailler sans se déplacer

La durée moyenne des déplacements pour se rendre au travail est passée de 25,4 minutes en 2011 à 26,2 minutes en 2016 au Canada. Pour les usagers du transport en commun, la moyenne était de 44,8 minutes.

Ces données n'ont toutefois aucune importance pour les adeptes du télétravail, comme Tyler MacKay.

« En éliminant l'irritant du déplacement, on obtient une plus grande sensation de liberté », estime le spécialiste des technologies de l'information de 43 ans, qui travaille de chez lui à Hanwell, au Nouveau-Brunswick.

M. MacKay, qui travaille pour InteliSys Aviation Systems, dont le bureau le plus près est situé à 90 minutes de chez lui, à Saint-Jean, fait du télétravail depuis quatre ans.

« Je me trouve beaucoup plus productif. Si je devais me rendre au bureau, il y a le temps de préparation et le déplacement, aller-retour, donc on perd du temps de cette façon. »

Pourtant, les données du recensement dévoilées mercredi laissent entendre que le nombre de télétravailleurs a peu bougé au cours des 20 dernières années, alors que l'on a déjà cru que ce type d'emplois représentait l'avenir du travail.

Les données de Statistique Canada révèlent un déclin dans la proportion de gens qui travaillent de la maison - de 8,2 % en 1996 à 7,4 % en 2016 -, mais l'agence attribue la presque totalité de ce recul à une baisse dans le secteur de l'agriculture.

Excluant l'agriculture, Statistique Canada indique que 6 % des Canadiens travaillaient de la maison en 2016, comme il y a 20 ans.

Tyler McKay admet que la possibilité de faire du télétravail dépend de la nature de l'emploi. Dans son cas, il n'a pas besoin de se trouver dans un espace physique précis.

Marie-Michèle Rousseau-Clair travaille de chez elle depuis trois ans dans le cadre de son emploi au sein de Conservation de la nature Canada. Le bureau le plus près de chez elle est à Montréal, alors qu'elle demeure à Trois-Rivières.

« Ça me permet d'avoir un peu plus d'équilibre et de temps pour ma vie personnelle et de ne pas avoir l'impression d'être toujours au travail, même si mon travail est dans ma maison », explique-t-elle.

Elle admet cependant que ce type d'arrangement ne convient pas à tout le monde, surtout lorsqu'il y a des travaux ménagers à effectuer ou que le divan nous appelle.

« Vous devez être devant votre ordinateur à des moments précis, note-t-elle. Je peux accomplir plus de tâches que si j'étais dans un bureau régulier. »

Les employés de Conservation de la nature Canada sont encouragés à travailler de la maison, ce qui permet à l'organisme et à son personnel d'économiser de l'argent, souligne le directeur des relations avec les médias, Andrew Holland.

« Nous sommes 270 employés éparpillés dans 10 provinces. Nous tentons d'utiliser la technologie si possible afin de faciliter la vie de tout le monde. »

Évidemment, certains milieux de travail sont non négociables. La cabine d'un avion, par exemple, comme affirme un pilote torontois.

« Le ville de banlieus Barrie est tellement remplie de pilotes que nous la surnommons Terminal 4 », écrit un pilote torontois sur Reddit au sujet de sa ville de banlieue, située à environ une heure de route - sans les embouteillages - de la métropole.

« J'ai travaillé avec plusieurs personnes qui conduisaient depuis London ou Niagara Falls. L'un venait de Huntsville. C'est sans compter le grand nombre de personnes qui se déplacent sur des vols. »