Ottawa multiplie les incitatifs pour convaincre des employés de venir, ou revenir, travailler au service de paie et pour retenir ceux qui y sont déjà.

Le gouvernement fédéral offre donc un versement de 4000 $ et des heures supplémentaires payées au tarif double plutôt qu'au tarif et demi pour quiconque se frotte au système de paie Phénix.

Ottawa puisera dans une enveloppe de 142 millions $, annoncée en mai dernier, pour couvrir ces dépenses supplémentaires.

On espère attirer certains des 1700 ex-fonctionnaires qui ont quitté, avec leur expertise en poche, l'emploi du gouvernement dans les cinq dernières années. On prendrait aussi quiconque est conseiller en rémunération.

Les 4000 $ et le tarif horaire plus généreux pour les heures supplémentaires seront aussi versés aux 700 employés actuels qui tentent de faire fonctionner Phénix.

«Ils travaillent dans des conditions incroyables», plaide Donna Lackie, présidente nationale du Syndicat des services gouvernementaux. «Ce sont des conditions de travail très stressantes. (...) Depuis des années, ils n'ont pas été suffisamment payés pour la quantité de travail, de stress et de connaissances», insiste Mme Lackie au bout du fil.

Depuis l'installation du système Phénix, en février 2016, la rémunération de milliers de fonctionnaires fédéraux est embourbée dans le chaos.

Ce chaos recommence à prendre de l'ampleur, alors que le système n'arrive pas à gérer les changements dans la rémunération issus de la ratification de 19 nouvelles conventions collectives. Ce mois-ci, les cas d'arriérés de salaires provoqués par le système de paie Phénix ont ainsi atteint les 237 000.

Et comme, lors de la mise en place de ce système centralisé, on a envoyé à la retraite bon nombre d'employés en 2015, on cherche à les rappeler.

«Il faut plus d'expertise et de soutien pour éliminer l'arriéré de ces demandes et mettre en oeuvre les conventions collectives signées récemment», admet le président du Conseil du Trésor, Scott Brison, dans un communiqué annonçant les nouveaux incitatifs. «Ces mesures incitatives faciliteront le recrutement et le maintien en poste des employés spécialisés qui s'occuperont de traiter et de régler les problèmes liés à la paie», promet-il.

Depuis lundi après-midi, c'est une nouvelle ministre qui se voit confier la charge de régler les problèmes de Phénix. Carla Qualtrough a été nommée ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, dans un remaniement effectué par le premier ministre Justin Trudeau.

«Les problèmes de paie de Phénix sont inacceptables et ça va être une grande priorité pour moi», a promis la ministre Qualtrough quelques minutes après son assermentation.

Au syndicat, on garde espoir. «Il y a une certaine lumière au bout du tunnel», convient Mme Lackie, avant d'ajouter qu'il faudra encore beaucoup de temps avant d'arriver au bout de ce «périple».