Pour souligner la Journée nationale des Autochtones, mercredi, Justin Trudeau a posé trois gestes symboliques, dont deux étaient réclamés par les Premières Nations depuis longtemps.

D'abord, l'édifice où se trouve le bureau du premier ministre, situé face à la colline du Parlement, ne sera plus appelé l'«édifice Langevin». Il avait été ainsi baptisé en l'honneur de l'ancien député conservateur québécois Hector-Louis Langevin. Surintendant des Affaires indiennes dans le cabinet du premier ministre John A. Macdonald, il est considéré comme l'un des architectes du système de pensionnats autochtones, à la fin du XIXe siècle.

En février, des députés fédéraux autochtones, dont le néo-démocrate québécois Romeo Saganash, avaient demandé au gouvernement d'éliminer ce nom de Langevin de la toponymie de la colline du Parlement.

«Nous vous avons entendus (...) Il y a une douleur profonde suscitée par le fait que cet immeuble porte un nom si étroitement lié à l'horreur des pensionnats autochtones», a déclaré le premier ministre dans un discours prononcé mercredi midi à Ottawa.

Dorénavant, l'édifice, complété en 1889, sera tout simplement connu sous le nom de «bureau du premier ministre et du conseil privé».

M. Trudeau a également confirmé que le 100, rue Wellington, ancien siège de l'ambassade des États-Unis à Ottawa, lui aussi face au parlement, sera consacré d'ici 2023 aux peuples autochtones, dans une formule à définir. «Cet espace (...) sera converti en un espace pour les Autochtones. Un espace que les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse seront appelés à imaginer, à planifier, à construire», a-t-il annoncé au pied de l'édifice.

Le bâtiment de pierre calcaire, de style Beaux-Arts classique, a été construit au début des années 1930 pour abriter l'ambassade des États-Unis. Le gouvernement canadien l'a acquis en 1997 et l'édifice est vacant depuis 1998. Il avait été désigné «édifice fédéral du patrimoine classé» en 1985.

Par ailleurs, le premier ministre a également annoncé mercredi que son gouvernement rebaptise la Journée nationale des Autochtones pour en faire la «Journée nationale des peuples autochtones».

Solstice d'été

Profitant mercredi de cette journée nationale, célébrée au solstice d'été depuis 1996, le premier ministre a réitéré, dans son discours, qu'«aucune autre relation n'est plus importante pour le Canada que la relation que nous entretenons avec les peuples autochtones», soit les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, s'est immédiatement réjoui de la nouvelle appellation de la Journée nationale, qui correspond davantage, selon lui, à la reconnaissance internationale des peuples autochtones. Son organisme avait d'ailleurs déjà adopté une résolution en ce sens. M. Bellegarde croit que ce changement, petit en apparence, «constitue un pas de plus vers la reconnaissance que ces territoires sont d'abord la terre natale des nations et des cultures autochtones».

Plus tôt ce mois-ci, la députée néo-démocrate de Saskatchewan Georgina Jolibois avait déposé un projet de loi d'initiative parlementaire visant à faire de la Journée nationale des Autochtones un jour férié.

Mme Jolibois a cependant déploré mercredi le fait que le premier ministre n'ait pas consulté les Autochtones sur un nouveau nom à donner à l'édifice Langevin. Elle aurait préféré que l'on saisisse cette occasion pour rendre hommage à un personnage autochtone.

La ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a par ailleurs rappelé que l'ancienne ambassade américaine constitue un joyau de l'immobilier à Ottawa, juste en face du parlement. Elle soutient que le symbole sera fort.

Natan Obed, président de l'organisme national Inuit Tapiriit Kanatami, a estimé que ce geste constitue une étape importante vers la réconciliation. Clément Chartier, président du Ralliement national des Métis, considère que la cession de cet édifice constitue une étape marquante.