La survie des familles qui ont hébergé le lanceur d'alerte américain Edward Snowden à Hong Kong, en 2013, dépend plus que jamais d'Ottawa, estime leur avocat montréalais. Celui-ci presse le ministère de l'Immigration de traiter leur demande d'asile dans les plus brefs délais, alors que les autorités d'Hong Kong s'apprêtent à les déporter dans les prochains jours vers leur pays d'origine, où elles risquent « la torture et même la mort ».

Vendredi dernier, le département de l'Immigration de Hong Kong a rejeté en bloc les demandes d'asile des Srilankais Ajith Pushpakumara, Supun Kellapatha, sa femme Nadeeka Dilrukshi Nonis et leurs deux enfants. Même réponse pour Vanessa Mae Rodel, originaire des Philippines, et sa fille. Les trois enfants sont apatrides.

Ces familles sont arrivées à Hong Kong à des moments différents - en 2002, 2005 et 2008 - et ne se connaissaient guère jusqu'à ce qu'un événement qui allait devenir historique les unisse. En 2013, durant deux semaines, elles ont à tour de rôle hébergé Edward Snowden, cet ancien contractuel de la National Security Agency (NSA) qui a mis au jour les pratiques de surveillance de cette organisation et qui est toujours recherché par les autorités américaines.

« La vie de ces sept individus est en jeu. À moins que le Canada accepte ces trois familles, ces gens-là vont être déportés, les familles seront séparées, retournées dans leur pays d'origine où elles seront appréhendées, torturées et probablement tuées. »

Les Srilankais ont fui leur pays d'origine après avoir été torturés ou tyrannisés par les autorités locales. Ajith Pushpakumara est un ancien militaire et a agi comme garde du corps d'Edward Snowden à Hong Kong.

Dans les limbes depuis 15 ans

Joint par téléphone hier soir alors qu'il se trouvait à Hong Kong, Me Séguin a expliqué que ses clients sont persécutés depuis que leurs identités et leur implication auprès d'Edward Snowden ont été rendues publiques à l'automne dernier dans le film Snowden d'Oliver Stone.

« Ça faisait des années que leurs demandes d'asile à Hong Kong étaient dans les limbes. Leurs dossiers ont tous été réactivés de façon très abrupte à la suite de notre conférence de presse en mars [...] et ils ont tous reçu la même réponse, en même temps, vendredi », soulève Me Séguin. En mars, les avocats des familles ont appris que des agents des services secrets du Sri Lanka, le Criminal Investigation Department (CID), recherchaient leurs clients à travers Hong Kong.

Des vies à risque

« Leur sécurité était en jeu. On a été obligés de déplacer nos clients sur une base régulière ; de les faire bouger à quelques heures d'avis. On parle ici de familles qui n'ont rien fait d'illégal », explique l'avocat.

En janvier dernier, une demande de statut de réfugiés a été déposée aux autorités canadiennes pour les sept personnes concernées. Il y a trois semaines, les candidatures ont été transmises au consulat du Canada de Hong Kong et le ministère de l'Immigration a fait savoir qu'il était conscient « de la gravité et de l'urgence de la situation ».

« Maintenant, il faut agir le plus rapidement possible. Avec des mesures expéditives. On en a besoin plus que jamais. Ce sont des gens vulnérables qui ont un urgent besoin de protection », avance Me Séguin, qui fait actuellement pression auprès des autorités canadiennes responsables du dossier, à Hong Kong.