Les sinistrés cherchant à savoir combien ils pourraient recevoir en indemnisation du gouvernement étaient beaucoup plus nombreux que prévu, hier soir à Laval, lors d'une séance d'information de la sécurité publique. Au point qu'il a fallu agrandir la salle où se tenait la rencontre pour faire de la place aux quelque 900 personnes massées sur les lieux.

Certains en ont profité pour faire connaître leur mécontentement à l'endroit des autorités municipales, qui n'auraient pas répondu assez vite à leurs appels à l'aide alors qu'ils voyaient les flots gonfler d'heure en heure.

« Quand l'eau a commencé à monter, personne n'a averti les citoyens de prendre des précautions pour protéger leur maison », a dénoncé David Plante, en prenant la parole au micro, à la fin de la rencontre d'information. « À partir du 4 mai, on a appelé deux fois le 911 en l'espace de 48 heures, mais on n'a eu aucune aide. On a commandé des sacs de sable, sans jamais en recevoir. »

Photo Olivier Jean, La Presse

David Plante et Shiana Gaudreau étaient au nombre des citoyens qui ont manifesté leur mécontentement à l'endroit des autorités municipales.

Le jeune homme, qui habite au bord de la rivière des Mille Îles dans l'est de Laval, a recruté une dizaine d'amis pour l'aider à construire une digue. Ils ont travaillé sans relâche pendant deux jours et ont réussi à protéger la maison contre la crue. « Mais il fallait aller chercher des sacs de sable dans l'ouest de la ville. C'était beaucoup trop loin », s'insurge-t-il.

« ILS AURAIENT DÛ SAVOIR »

Le directeur du Service de police de Laval, Pierre Brochet, a admis que la ville avait manqué de sacs à distribuer aux sinistrés, à un certain moment. Mais selon lui, les policiers, pompiers et employés des travaux publics étaient bien présents sur le terrain.

Le maire Marc Demers, qui assistait à la rencontre, s'était absenté au moment où certains citoyens se sont emportés contre la Ville, pendant la période de questions.

« L'eau est montée très vite, mais personne ne nous a prévenus. C'est ce que je reproche à la Ville », dénonce aussi Bruno Durand, qui a eu quatre pieds d'eau dans le sous-sol de sa maison de Fabreville. « Ils devaient bien savoir que ça s'en venait. Ou ils auraient dû le savoir. »

D'autres ont critiqué les politiques municipales et gouvernementales qui réglementent la construction en zones inondables, qui comporteraient bien des incohérences.

1000 $ POUR UN FRIGO

Pendant la majeure partie de la soirée, un représentant du ministère de la Sécurité publique, Denis Landry, a expliqué aux sinistrés combien ils pourraient recevoir en indemnités pour des biens endommagés par l'eau, pour leurs dépenses liées à leur évacuation ou pour des réparations à faire à une résidence et, enfin, ce qu'ils devaient faire pour déposer une réclamation.

À retenir : garder toutes les factures et les documents liés aux mesures qu'ils ont prises pour protéger leur maison, l'évacuer ou faire des réparations, prendre des tonnes de photos et s'armer de patience...

Les personnes touchées pouvaient dès hier prendre rendez-vous pour l'ouverture de leur dossier de réclamation. Après une évaluation sommaire de leur situation, certains pourront recevoir un premier chèque du gouvernement, une avance pour faire face aux besoins les plus urgents.

Le maire de Laval a annoncé hier qu'une grande corvée serait organisée au cours du long week-end du 20 mai, pour inviter les citoyens à aider les sinistrés pour l'opération nettoyage qui les attend.

Jusqu'à maintenant, 176 maisons de Laval ont été évacuées et 339 sont touchées par des infiltrations d'eau.