Comme prévu, le sommet des inondations aura été atteint entre lundi et mercredi, a indiqué le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. Et à compter de mercredi, le niveau des eaux commencera enfin à baisser.

Le ministre a rencontré la presse lundi matin à Montréal, aux côtés de ses collègues des Transports, Laurent Lessard, et de l'Environnement et du Développement durable, David Heurtel.

Jimmy Potvin, directeur des mesures d'urgence à la Sûreté du Québec, était également présent, de même que le brigadier général Hercule Gosselin, commandant de la 2e division des Forces armées canadiennes.

Lundi matin, 2426 résidences étaient inondées et 1520 personnes avaient été évacuées, a précisé le ministre Coiteux. De même, 146 municipalités du Québec étaient encore touchées par ces inondations.

«Les signes encourageants, c'est que le niveau des eaux va cesser de monter. C'est très important de rementionner ça. On atteint les maximums maintenant», a résumé le ministre Coiteux, qui est aussi ministre des Affaires municipales.

Mais avant que les niveaux baissent de façon notable dans certaines régions, comme Rigaud, cela va prendre du temps, a-t-il prévenu. Les citoyens touchés devront donc s'armer de patience.

«On s'attend, avec les prévisions actuelles du point de vue de la météorologie, avec les prévisions actuelles sur les débits, on s'attend à ce que graduellement, les niveaux d'eau atteints dans les secteurs inondés commencent à baisser à partir de mercredi. Ça peut commencer un peu avant dans certains secteurs. Mais ils sont très hauts ces niveaux-là. Et ça va prendre un certain temps avant que l'eau retrouve son lit habituel. Alors il faut être patient. Mais je le sais que c'est dur», s'est exclamé le ministre Coiteux.

Débit

De son côté, le ministre de l'Environnement a expliqué que neuf barrages se trouvent dans le bassin versant de la rivière des Outaouais et que les trois autorités qui en sont responsables - Hydro-Québec, les gouvernements fédéral et provincial au Québec - les géraient afin de ralentir le plus possible le débit d'eau.

«Ces efforts-là font en sorte que jusqu'à maintenant, ces barrages, ces réservoirs ont réussi à retenir plus de 2500 mètres cubes-seconde d'eau, ce qui équivaut à un niveau de plus de 50 centimètres pour le lac des Deux-Montagnes», a précisé le ministre Heurtel.

«On les utilise à plein régime, on va jusqu'à la limite possible, tout en ne menaçant pas l'intégrité structurale de nos barrages, de nos réservoirs. Mais le travail se poursuit», a-t-il ajouté.

«Depuis mardi dernier jusqu'à hier (dimanche), on avait vu une augmentation du niveau du lac des Deux-Montagnes d'à peu près un mètre, ce qui est énorme. Nos débits et nos modèles, depuis jeudi dernier, nous indiquaient qu'on atteindrait le débit record de près de 9000 mètres-cubes d'eau à la seconde. Nous sommes à 8900 mètres cubes» présentement, a précisé le ministre de l'Environnement.

Mais bonne nouvelle: ce débit commence maintenant à ralentir, a-t-il pris soin de souligner.

Armée

Les Forces armées ont aussi fait le point sur leur intervention. Le brigadier général Gosselin a précisé qu'à la fin de la journée, lundi, 1650 soldats auront été affectés aux régions touchées, dont 90 pour cent en soutien aux pompiers et policiers.

À Ottawa, le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile a confirmé que l'intervention de l'armée au Québec occasionnera des coûts supplémentaires pour la province.

«Nous sommes conscients du fait qu'il y aura des coûts associés à l'intervention des Forces armées au Québec. Le gouvernement déterminera le mécanisme approprié pour défrayer ces coûts le moment venu. Pour l'instant, nous nous concentrons sur l'aide à apporter à la province», a fait savoir Scott Bardsley, attaché de presse du ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Rigaud et Sainte-Anne-de-Bellevue

À Rigaud, le maire Hans Gruenwald, excédé par les citoyens qui refusent de quitter leur demeure malgré le danger, a lancé: «c'est aujourd'hui que ça s'arrête» et qu'on fait respecter le «règlement».

Il a évoqué 246 sinistrés, en ajoutant qu'à tout le moins, l'eau monte «un peu moins vite».

«On a été très patient», s'est-il exclamé, en relatant qu'il avait fallu secourir un citoyen à 2h du matin, à la noirceur, jouant ainsi avec la sécurité des sauveteurs. D'autres secteurs ont été touchés, à Pointe-Fortune et ce qu'il a appelé le bas de la Rivière et La Baie.

Si les vents provenaient du nord-est ou du nord-ouest, a-t-il avancé, «ces vents vont détruire les résidences». Il faut noter que souvent, l'eau charrie des billots, voire de grosses branches d'arbres.

La Ville de Sainte-Anne-de-Bellevue, de son côté, a fait savoir en après-midi que le niveau d'eau et le débit du lac des Deux-Montagnes demeurait «encore très élevés mais stables». Il en était de même du lac Saint-Louis.

Certaines propriétés ont été inondées. Le pont Galipeault, qui relie Sainte-Anne-de-Bellevue à l'île Perrot, sur l'autoroute 20, demeurait fermé dans les deux directions.

Transports Québec rapporte plusieurs «entraves majeures» dans l'Est du Québec, notamment à La Pocatière sur le pont de la rivière Saint-Jean, à Rimouski sur le pont de la rivière Rimouski, à Gaspé sur le pont de la rivière des Atocas, en plus d'une fermeture de la route 132 entre le chemin de Saint-Edgar et le chemin Pardiac à New Richmond et la fermeture de la route 299 à la hauteur du kilomètre 122 dans le secteur du mont Albert.

Disparitions

La Sûreté du Québec attribue par ailleurs la disparition d'un père et de sa fillette à la crue des eaux, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.

L'homme de 37 ans et sa fillette de 2 ans se seraient aventurés sur une route qui n'était pas praticable. Selon ce qu'a relaté Jimmy Potvin, le niveau d'eau était tel que la voiture a été emportée et transportée vers la rivière. Les autorités étaient encore à leur recherche, lundi après-midi.